A dangerous method de David Cronenberg
Les inconditionnels des films de David Cronenberg risquent d’être déçus. A dangerous method est en effet à l’opposé de la filmographie habituelle du réalisateur canadien. Ici, point d’effets spéciaux, ni de scènes insupportablement violentes. Au contraire : des images « léchées », baignées de lumière, des acteurs en costume pour une intrigue se déroulant principalement en Suisse, au début du XXe siècle. L’intrigue justement. Elle met en scène deux sommités de la psychanalyse, Carl Gustav Jung et Sigmund Freud. Le premier s’inspire des travaux du second pour tenter une expérience sur une patiente diagnostiquée hystérique : soigner par la parole. Et cela fonctionne ! A tel point que la patiente en question, Sabina Spielrein, guérira et deviendra à son tour une brillante psychanalyste. Mais elle sera aussi le catalyseur de la discorde entre Jung et Freud, ce dernier ne supportant pas de perdre son autorité vis-à-vis d’un jeune disciple, non juif, dont il espérait faire son successeur pour que la psychanalyse ne soit plus taxée de pratique exclusivement juive. Car Jung s’est quelque peu écarté du chemin tracé par le père de la psychanalyse, considérant que la libido n’est pas que sexuelle contrairement à ce que pense Freud. Sans le nier, il remettra aussi en cause le complexe d’Œdipe comme seule source de toutes les névroses et développera la notion « d’inconscient collectif » que réfutera Freud. D’où le titre du film « A dangerous method » qui a, en réalité, deux sens. La méthode mise en place par Jung est dangereuse pour la patiente dans la mesure où, par le biais de la parole, il fait revivre à Sabina Spielrein des événements passés traumatisants. Mais elle est aussi dangereuse pour Freud puisque dans sa relation avec Jung, il perd peu à peu sa place de « père ». A voir !