Tous azimuts

Ciao Annie!

Je reproduis ci-dessous le très bel édito qu’a rédigé et lu sur les ondes de France Inter ce matin même, Audrey Pulvar, à propos d’Annie Girardot.

Se souvenir d’Annie

Qu’est-ce qui fait qu’au moment de la disparition d’un artiste on se sente le cœur plus serré que pour celle d’un autre ? Qu’au-delà de la nostalgie « tu te souviens, ce qu’on faisait à l’époque ? », s’installe comme le sentiment d’avoir non seulement tourné une page de sa propre vie, mais aussi comme perdu un proche? Après tout, on ne la connaissait pas personnellement, Annie. Pourtant ce petit pincement au cœur, dont on sait qu’il sera grandement partagé, l’émotion qui sourd, « ah, elle est morte Annie Girardot ? »… Les réactions tombent, unanimes…Une charmante, une fille lumineuse… l’amie idéale, de vrais rires, de vraies larmes… un talent monstre. Pas madame tout le monde, non, pas tout à fait, mais la dame que tout le monde aimerait compter parmi ses proches. N’est-ce pas cependant Michel Galabru, qui trouve les mots les plus justes, pour expliquer cette incroyable et intrinsèque proximité avec le grand public ? Lui-même si aimé des Français évoque cette « sympathie mystérieuse », entre Girardot et ceux qui l’aimaient, quelque chose d’impalpable tenant à… son humanité.

Vous que la mémoire avait désertée, qui, dit votre fille, aviez oublié jusqu’à votre métier, la passion de toute une vie, ne vous sachant même plus actrice…chère Annie Girardot, qui à votre façon avez contribué à révéler les Françaises à elles-mêmes, qui, selon vos propres mots n’avez jamais été « une star veloutée », pour vous la joie de vivre de Barbara, qui ne prévient pas, qui arrive, qui vient de loin. Elle s’est promenée de rive en rive, le rire en coin. Et puis au matin, au réveil, c’est presque rien, mais elle est là, elle vous émerveille, au creux des reins… Vous voilà délivrée du mal de vivre, qui ensommeille et vous rongeait. Espérons, dit Claude Pinoteau, que vous jouerez encore, au-dessus des nuages… Que votre rire et vos colères bousculent un peu, l’assommante harmonie réputée y régner !

© Audrey Pulvar

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