Les critiquesLes extraitsTous azimuts

Continuer de Laurent Mauvignier

Continuer-Laurent-Mauvignier.png

Jeune adolescent de 17 ans, Samuel est à la dérive. Tout comme sa mère, Sybille, divorcée, qui ne sait plus comment s’y prendre avec lui. Fragile, se sentant débordée de toute part et terriblement seule, elle tente pourtant le tout pour le tout et décide d’emmener son fils au fin fond de l’Asie centrale, dans les contrées kirghizes pour un voyage initiatique de plusieurs mois à dos de cheval.

Le roman de Laurent Mauvignier sorti en août 2016 est à l’image du Kirghizistan : sauvage et brut. L’écriture est nerveuse comme sur le qui-vive, à l’instar de ces deux êtres qui ne savent plus s’écouter, se parler, prêts à s’invectiver à la moindre occasion, ravalant leurs colères, déceptions et hontes. Un roman poignant qui ne parle en réalité que d’amour. Mais pour mieux le faire émerger, il faut parfois aller au bout de soi-même, continuer, dans le plus total dépouillement.

Extrait, page 142 : « Alors Sybille se penche vers lui, très proche, son visage très près du sien. Elle entend son souffle et laisse sa main, ses doigts juste devant la bouche de Samuel, pour que son haleine lui caresse les doigts, ce souffle léger qui s’échappe d’entre ses lèvres ; elle observe comme elle n’a pas pu le faire depuis des années ses traits, sa bouche charnue et rouge, ses yeux fermés et toujours ses cils si grands, presque des cils de femme, des cils qui tenaient des siens et qu’il avait toujours eus, même bébé il avait des cils immenses. Elle le regarde et elle est heureuse de le voir dormir comme il est, sans colère, sans être sur la défensive, sans haine ni jugement contre elle – car peut-être que c’est ce qui est le plus dur : l’impression que chaque fois qu’il la regarde, ce n’est pas pour la voir, elle, comme elle est, mais pour la juger, pour lui prêter des intentions qu’elle n’a pas, pour lui faire un procès qu’elle a perdu d’avance. » Laurent Mauvignier.

Articles similaires