Sur les planches

Créanciers

Décor minimaliste à dominante rouge, couleur passion par excellence

Magnifique pièce que celle qu’a mise en scène Christian Schiaretti d’après l’œuvre d’August Strindberg au TNP de Villeurbanne. Servie par trois comédiens de talent dont Wladimir Yordanoff – celui qui a joué le rôle du mari de Catherine Frot dans Un air de famille de Klapisch -, la pièce de Strindberg plonge le spectateur dans les tourments du couple. L’histoire est simple : un homme que sa femme volontiers volage a quitté pour un autre s’arrange pour rencontrer, sans se faire connaître, l’amant de sa femme. Une amitié semble naître entre les deux hommes que l’ex-mari exploite pour mieux manipuler le jeune amant et le « monter » contre sa maîtresse. Et c’est à coup de paroles malfaisantes, cruelles, pénétrantes « comme des couteaux », que l’ex-mari s’échinera à détruire ce nouveau couple pour obtenir sa vengeance, comme une créance qu’il a sur son ex-femme. Pièce dramatique, Créanciers n’en est pas moins drôle par moment. Une drôlerie cynique certes mais dont nous, hommes et femmes, sommes les inspirateurs. Car Strindberg ne fait rien de plus que de nous tendre un miroir pour mieux nous contempler lorsque nous nous perdons dans les affres de l’amour et de la haine.

Extrait, page 24, Gustaf, l’ex-mari, converse avec Adolf, l’amant. D’un machisme rare :

« Tu sais ce que c’est, l’esprit profond, le caractère de sphinx, la nature ineffable de ta femme ? De la bêtise, tout simplement ! Tu le vois bien, elle confond l’infinitif et le participe passé. Et elle est mal conçue : son boîtier est celui d’une horloge à pendule alors qu’elle a un mécanisme à cylindre. Sans les jupes que reste-t-il ? Mets-lui des pantalons et dessine-lui des moustaches avec un bout de charbon, puis écoute-là sans préjugés : tu entendras les choses autrement. Un phonographe qui recrache tes mots – et les mots des autres – mais un peu affadis !

Tu as déjà vu une femme nue ? Oui, bien sûr ! Un adolescent avec des mamelles, un homme incomplet, un enfant trop vite grandi et dont la croissance s’est arrêtée, un être frappé d’anémie chronique et qui souffre d’hémorragies treize fois par an ! Que veux-tu que ça donne ? » August Strindberg.

Articles similaires

Sur les planchesTous azimuts

Disco

Vous aimez les boules à facette, les paillettes, les pattes d’éléphant, Donna Summer, Gloria Gainor, bref, les années 70 dans son ensemble ? Alors vous aimerez Disco de Stéphane Jarny, le…
Lire la suite