C’est officiel, les mots de l’année 2014 sont « Transition » et « Selfie ».
Organisée par le Festival du Mot à La Charité-sur-Loire – qui se déroulera du 28 mai au 1er juin prochain -, l’élection du mot de l’année a pour objectif de sélectionner un mot caractéristique de l’état d’esprit en France, de traduire un « air du temps ».
« Transition » est le mot de l’année choisi par le jury du festival présidé par Alain Rey. « Selfie » est celui élu par le public.
Que faut-il donc en conclure sur l’état d’esprit de la France ? Visiblement, les Français développent leur égo puisqu’ils aiment à se prendre en photo avec leur téléphone portable. De là à dire que l’individualisme gagne du terrain, c’est sans doute exagéré mais cette propension à se photographier régulièrement et à publier le cliché sur les réseaux sociaux m’interroge. Le collectif s’effacerait-il au profit du « Moi, moi, moi » ?
Le second mot me semble plus prometteur quand bien même et à ses débuts, le mot « transition » désignait le passage de vie à trépas. Aujourd’hui, l’expression « être en transition » désigne, de manière plus large, le passage d’un état à un autre. Elle contient l’idée d’une évolution graduelle, d’un cheminement pour aboutir à quelque chose d’autre, une transformation quel que soit le résultat de cette dernière, meilleure ou pire.
Résolument optimiste, je veux croire que c’est « autre » est bien meilleur encore.
Dans la terminologie marxiste, la transition est cette « phase particulière de l’évolution d’une société, celle où elle rencontre de plus en plus de difficultés, internes ou externes, à reproduire le système économique et social sur lequel elle se fonde et commence à se réorganiser, plus ou moins vite et plus ou moins violemment sur la base d’un autre système qui, finalement, devient à son tour la forme générale des conditions nouvelles d’existence ».
À considérer notre société, il semblerait que nous en soyons effectivement à ce point, les « selfies » éclairant la route vers cet autre aux contours encore flous.