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Exit le fantôme

Exit le fantôme de Philip Roth

Auteur à succès, Nathan Zuckerman, 71 ans, a volontairement quitté New York onze ans durant pour s’isoler dans la campagne du Massachusetts, loin du monde moderne et cacophonique qu’il ne supporte plus. Une intervention chirurgicale bénigne mais nécessaire l’oblige cependant à retourner à New York quelques jours. Il y fera la rencontre de quatre personnes qui le ramèneront à la fois à son passé, à la littérature et à son rôle ainsi qu’à sa condition d’homme vieillissant. Un questionnement permanent sur fond d’élections américaines opposant George W. Bush à John Kerry.

J’ai aimé ce livre malgré quelques longueurs. L’histoire de cet auteur à succès face à sa déchéance est touchante tout comme le désir qu’il ressent pour une jeune femme de quarante ans sa benjamine, également écrivain. A travers elle, c’est lui qu’il voit. Lui, ce qu’il était et ce qu’il est devenu (un fantôme de lui-même ?), ce pour quoi il s’est battu et les idéaux qu’il a abandonnés. Une réflexion intéressante sur la vieillesse et la vie qui passe, une incitation à « monter dans le train ».

Extrait, page 56, 57 : « J’étais maintenant pris du désir irrépressible de  me libérer de ce rêve futile et niais de régénération, d’aller chercher ma voiture au garage au coin de la rue et de filer tout droit chez moi, où je pourrais rapidement remettre mes pensées en bon ordre, les soumettre aux exigences de transformation de l’écriture romanesque, qui interdit les chimères. Ce que tu n’as pas, tu t’en passes, tu as soixante et onze ans, c’est comme ça et pas autrement. Les jours de vanité et de narcissisme, c’est terminé. Vouloir croire le contraire, c’est ridicule. Il n’y avait aucun besoin d’en apprendre davantage sur Amy Bellette ou Jamie Logan, aucun besoin non plus d’en apprendre davantage sur moi-même. Ça aussi, c’était ridicule. La grande aventure de la découverte de soi, c’était terminé depuis longtemps. Pendant toutes ces années, je n’avais pas vécu comme un enfant, et j’en savais bien assez comme ça sur le sujet ». Philip Roth.

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