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Expert, nom masculin

La couverture de M, le magazine du Monde du 29 septembre 2012

A lire dans M, le magazine du Monde daté du 29 septembre, l’excellent papier de Guillemette Faure intitulé Expert, nom masculin. Il porte sur l’omniprésence des hommes, experts en tout genre, sur les plateaux télé et à la radio que l’association féministe La Barbe dénonce régulièrement, en interpellant des assemblées masculines le bas du visage recouvert d’une barbe postiche. Yves Calvi, journaliste et animateur de l’émission C dans l’air, en sait quelque chose, puisqu’il est l’une des cibles favorites de La Barbe. En cause, les 7% de femmes expertes dans C dans l’air en septembre 2011 contre 18% en moyenne dans les autres émissions selon le rapport de la commission sur l’image des femmes dans les médias. D’aucuns diront sans doute qu’il n’y a pas de femmes expertes. Un argument que balaie d’un revers de main Brigitte Grésy, inspectrice générale de l’inspection générale des affaires sociales, rapporteure de la commission sur les femmes dans les médias, comme le souligne le magazine, puisque « deux tiers des diplômés de troisième cycle sont des femmes ». Alors ? La faute aux mentalités et aux habitudes apprenons-nous en poursuivant notre lecture. Journaliste à Europe 1, Nicolas Poincaré admet ainsi que, lorsque son équipe et lui-même, cherchent quelqu’un « pour dire quelque chose d’intelligent » sur un sujet, ils cherchent « un mec » ! Les femmes apprécieront. Questionnée par Guillemette Faure sur les possibles raisons de cette omniprésence masculine, Audrey Szebesta, journaliste à BFM, avance, quant à elle, la question de la disponibilité des femmes aux heures de grande écoute que sont le matin et le soir. Les femmes à cette heure-là pensent plus à s’occuper de leur progéniture qu’à montrer leur visage et faire entendre leur voix. Rien de bien neuf en somme. En revanche, d’autres raisons sont mises en avant que je trouve plus intéressantes parce qu’elles reflètent la tendance de notre société pour ne pas dire la dérive : la visibilité ! Ceux que l’on voit ou que l’on entend le plus souvent sont ceux qui « gèrent leur visibilité ». En d’autres termes qui font du marketing avec leur propre image. Guillemette Faure souligne d’ailleurs que parmi toutes les personnes qu’elle a contactées pour les besoins de son article, celles qui lui ont demandé au préalable si elles seraient suffisamment citées sont… des hommes. Enfin, les femmes semblent plus facilement admettre qu’elles ne sont pas suffisamment expertes sur un sujet pour pouvoir en parler même si leur intervention ne dure que 20 secondes. Et Guillemette Faure de terminer : « Plutôt que de décliner une invitation au motif qu’un domaine n’est pas le sien, l’homme, lui, s’imprime les derniers articles sur le sujet et décide que le trajet en taxi lui permettra de devenir expert du sujet ».

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