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Fendre l’armure d’Anna Gavalda

Fendre l'armure-Anna-Gavalda

Anna Gavalda revient sur les étals des libraires avec non pas une mais sept histoires. Sept histoires écrites à la première personne du singulier. Sept histoires de gens ordinaires, c’est-à-dire de personnes dans lesquelles les lecteurs que nous sommes – dans le métro, le bus, le train, sur le canapé, au fond d’un lit, dans une salle d’attente – peuvent se reconnaître. Certains sont un peu plus cabossés par la vie que d’autres, tous ont quelque chose d’infiniment touchant et c’est précisément ce qui m’a plu dans ces sept nouvelles. Comme l’histoire – La maquisarde – de ces deux femmes qui se rencontrent dans un bar. L’une est veuve, l’autre aime un homme marié, ou encore l’histoire – Le fantassin – de cet homme d’affaires que sa femme quitte parce qu’il n’est jamais là, trop accaparé par son travail, et qui, un soir, dans un hôtel à Séoul, évoque Louis son voisin de pallier. Il y a de l’humanité dans ces nouvelles, de l’empathie, sans pour autant tomber dans le pathos. Bien sûr, les détracteurs de toujours d’Anna Gavalda s’en sont donné à cœur joie. Certains avec une telle hargne – Eric Chevillard dans Le Monde – qu’on en vient à s’interroger sur les ressorts de cette animosité. Serait-il jaloux du succès qu’Anna Gavalda aura assurément avec ce livre ?

Extrait, page 188 : « Louis. Me revoilà. Plusieurs mois ont passé et me revoilà aujourd’hui plus calme et moins grossier, mais je me pose toujours les mêmes questions, vous savez… Je me pose les mêmes questions et j’en arrive toujours à la même conclusion : vous me manquez l’ami. Vous me manquez terriblement. Comment aurais-je pu imaginer que vous me manqueriez autant ? Ce n’est pas une expression, je ne dis pas « Vous me manquez » comme je viendrais me plaindre à vous d’un manque de sommeil, de soleil, de courage ou de temps, je vous le dis comme s’il me manquait une part de moi-même. La meilleure peut-être. La seule paisible et la plus bienveillante. La mieux veillante. Vous me veillez aujourd’hui comme vous aviez veillé sur moi il y a deux ans. Deux ans, Louis, deux ans. Comment est-ce possible ? D’avoir mis tant de vie dans si peu de jours …»

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