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François Hollande ou la force du gentil de Marie-Eve Malouines

On ne compte plus le nombre de livres en lien avec les candidats à la présidentielle occupant les têtes de gondole des librairies. Celui que Marie-Eve Malouines a commis sur François Hollande est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce qu’il donne à connaître un homme présent dans le paysage politique depuis environ trente-cinq ans et sur lequel peu de choses ont été écrites. Ensuite, parce qu’il n’est pas complaisant. Si on sent bien au fil des pages que Marie-Eve Malouines éprouve du respect, voire de l’admiration parfois pour François Hollande, elle ne se prive pas de mettre en lumière des traits de caractère peu valorisants pour ce Normand d’origine. Dans François Hollande ou la force du gentil, Marie-Eve Malouines a cherché à savoir si le côté « mollasson », « bien brave » que beaucoup attribuent à François Hollande était avéré et si, dans ce cas, cet homme était en mesure de gouverner la France avec la poigne supposée nécessaire pour emmener un peuple tout entier dans un projet de société. Et alors me direz-vous ? La conclusion que je tire de ce livre est que François Hollande est l’antithèse de l’actuel président tant sur le plan des origines, de l’histoire personnelle, des convictions politiques, des valeurs que des traits de caractère. L’un est aussi discret que l’autre est « m’as-tu vu », aussi collectif que l’autre est personnel. Le premier agit dans la rondeur en fixant l’objectif au loin pour mieux faire passer ses idées lorsque l’autre est cassant et passe en force, sourd aux avis contraires au sien. D’où le principal reproche des détracteurs de cet héritier de trois figures socialistes (Jacques Delors, Lionel Jospin et François Mitterrand) : sa soi disant incapacité à trancher. Trois points communs cependant : l’ambition qu’ils nourrissent tous deux pour le fauteuil présidentiel, leur grande force de travail et leur intelligence. Car il faut tout cela pour arriver là où ils se trouvent aujourd’hui. Reste à savoir ce que chacun fera lorsque le résultat tombera le 6 mai au soir. Le premier semble plus porté par l’intérêt général que le second mais cela n’est sans doute pas suffisant pour faire de lui LE candidat. Une chose est sûre, l’adage « bonnet blanc et blanc bonnet » ne s’impose pas.
Extrait, page 82 : « Ce qui a justifié mon engagement, c’est le refus de la confiscation par la droite d’un pouvoir qu’elle exerçait sans partage. » François Hollande utilise régulièrement cette expression « sans partage », pour qualifier le comportement du camp d’en face. Le choix de ce vocabulaire traduit son aversion à l’égard de ces agissements ; il réprouve l’attitude de ce groupe d’un point de vue moral, sans doute hérité de sa culture religieuse. Il ne se montre pas sectaire vis-à-vis des personnes, mais à l’égard de certains comportements d’une classe sociale arc-boutée, à ses yeux égoïstement et irrémédiablement, sur le maintien de ses privilèges. Cette conviction le conduit, plus tard, à rejeter Valéry Giscard d’Estaing. Quand l’un de ses amis de lycée s’enthousiasme pour la simplicité et le modernisme incarnés par VGE, François Hollande le décourage, il est persuadé que Giscard « restera prisonnier de sa caste ». Marie-Eve Malouines.

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