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Je ne suis pas sortie de ma nuit

« Je ne suis pas sortie de ma nuit » de Annie Ernaux

Auteure de nombreux livres autobiographiques, Annie Ernaux récidive en 1997 avec Je ne suis pas sortie de ma nuit. Une phrase prononcée par sa mère, dans un éclair de lucidité, alors qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Ce livre est la compilation des ressentis d’Annie Ernaux couchés sur les pages d’un cahier de 1983 à 1986 à la suite de chaque visite faite à sa mère dans ces mouroirs que constituent un certain nombre de structures accueillant des personnes souffrant de cette terrible maladie. Un texte dur souvent cru, court, incisif, non structuré parfois, tant la douleur vrille l’auteur, la laisse là suffocante et désespérée de ne plus retrouver dans les yeux de sa mère cette lumière qu’elle a tant aimée.

Extrait, page 62 : « Dimanche 24, Salon du livre. Avant d’aller à Paris, je suis venue la voir. Je ne ressens rien tant que je suis avec elle. A peine la porte de l’ascenseur est-elle refermée que j’ai envie de pleurer. Sa peau se craquelle de plus en plus, faute de crème. Elle a perdu aussi son dentier du haut. Sans dents, elle ressemble à un vieil infirmier de l’hospice d’Yvetot, le père Roy, en tablier bleu. Très faible, elle peut difficilement marcher. Mais elle s’intéresse à mes vêtements, elle touche toujours le tissu, « c’est beau ». Montrant mon trois-quarts noir : « Quand tu voudras plus, tu penseras à moi ! » Ses paroles anciennes, ses paroles d’avant ». Annie Ernaux.

 

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