C’est sans idée préconçue que je suis allée voir le dernier film de François Ozon. A peine savais-je quel était le thème du film. J’en suis ressortie « bluffée ». Tout est parfait dans ce film, tout sonne terriblement juste, des comédiens aux dialogues.
Isabelle est une jeune adolescente de 17 ans vivant à Paris. Elle partage son quotidien avec sa mère, son beau-père et son frère Victor, plus jeune de quelques années, avec qui elle entretient des rapports complices. Elle semble évoluer dans un environnement plutôt privilégié, avec des parents relativement attentifs et ouverts. Quelle n’est donc pas la surprise de la mère d’Isabelle – exceptionnelle Géraldine Pailhas, trop rare au cinéma ! – d’apprendre, de la bouche de deux policiers en civil, que sa fille se prostitue. Les questions fusent dans sa tête – et dans celle du spectateur -, tout comme l’incompréhension.
Interprété – de façon magistrale – par Marine Vacth, jeune femme issue du mannequinat, le personnage d’Isabelle est aussi troublant qu’insondable et le spectateur peine à comprendre les raisons qui l’ont poussé vers la prostitution de luxe. Mais l’être humain est ainsi. Il veut comprendre. Et c’est ce à quoi le spectateur, à l’instar de la mère d’Isabelle, s’emploie pendant tout le film. Pourquoi ? Rébellion adolescente ? Isabelle ne semble pas réellement en conflit même si elle ne parle pas beaucoup. Fantasme ? Désir de transgression encore plus poussé dans un univers très (trop ?) permissif ? Rite de passage de l’adolescence au monde adulte ? Recherche identitaire ? Il y a sans doute un peu de tout cela dans le personnage d’Isabelle. La fin du film, avec l’intervention de Charlotte Rampling, est magnifique… même si elle ne donne pas au spectateur toutes les clés de compréhension.
A souligner, une bande son savamment construite avec la voix de Françoise Hardy, qui fait naturellement écho à la vie du personnage.
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