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L’affaire Paola de Donna Leon

Couverture l'affaire Paola de Donna LeonRevoilà notre commissaire Brunetti ! Et quelle n’est pas sa surprise lorsqu’en pleine nuit il est appelé par son équipe lui demandant de venir très rapidement en raison de l’interpellation … de sa propre femme, Paola ! Révoltée contre le tourisme sexuel que proposerait une agence de voyages située sur le Campo Manin non loin de la Piazza San Marco, cette dernière a voulu attirer l’attention du public en brisant la devanture de la boutique. Un acte qui met le commissaire dans une situation délicate, d’autant plus que Paola réitère son geste quelques nuits plus tard. L’histoire se complique un peu plus lorsque le propriétaire de l’agence de voyages est retrouvé mort, étranglé, chez lui.

Je me suis replongée avec grand plaisir dans la série que consacre Donna Leon à l’un de ses personnages fétiches, Guido Brunetti. Si l’enquête progresse lentement, au rythme des gondoles pourrait-on dire, les descriptions de Venise sont toujours aussi magnifiques. Bien sûr, l’amateur de polars noirs, au suspense haletant, n’y trouvera pas son compte mais je suis convaincue qu’il ne faut pas lire les livres de Donna Leon pour les enquêtes qu’elle met en scène mais pour tout ce qu’elle explique autour de ces dernières. De la vie à Venise au fonctionnement de l’Italie en passant par la différence de coutumes, de visions, de culture entre le nord et le sud de ce beau pays, sans oublier l’omniprésence de la mafia.

Extrait, page 41 : « Une fois dehors, il prit la direction du Rialto, suivant l’itinéraire qu’il empruntait depuis des dizaines d’années et connaissaient  par cœur. La plupart du temps, il tombait sur quelque détail qui avait le don de l’amuser, entre son domicile et la Questure : une manchette particulièrement absurde à la une des journaux, une faute d’orthographe sur l’un des T-shirts de pacotille vendus dans les kiosques placés aux deux extrémités du marché, ou bien le premier arrivage d’un légume ou d’un fruit de saison attendu depuis longtemps. Mais, ce matin-là, il ne remarqua rien de spécial ou d’amusant tandis qu’il traversait les étals, franchissait le pont du Rialto, puis s’engageait dans le dédale de ruelles qui allaient le conduire jusqu’à son lieu de travail.

Pendant une bonne partie du trajet, ses pensées tournèrent autour de Ruberti et Bellini ; il se demandait si la fidélité à leur supérieur hiérarchique, un supérieur qui les avait traités avec mansuétude et compréhension jusqu’à maintenant, allait peser plus lourd que le serment de fidélité qu’ils avaient fait à l’Etat. Il supposa que oui, mais, lorsqu’il se rendit compte qu’une telle attitude se rapprochait de l’échelle de valeurs qui avait motivé le comportement de Paola, il s’obligea à penser à autre chose, préférant même s’attarder sur ce qui allait être l’épreuve de la journée : la neuvième « des convocations du personnel » que son supérieur hiérarchique, le vice-questeur Giuseppe Patta, alias « Il Cavaliere », avait cru bon d’instituer dans son fief vénitien, depuis qu’il avait assisté à une conférence d’Interpol, à son quartier général à Lyon ». Donna Leon.

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