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Les Tontons flingueurs : une question de syntaxe, pas d’argot

Couv Le Point-Les Tontons flingueursLe magazine Le Point réédite son numéro de mars-avril dédié au film de Georges Lautner, décédé le 22 novembre dernier, Les Tontons flingueurs. Un plaisir simple qui se dévore en quelques heures ! Le Point y aborde le film et son réalisateur, ses acteurs, mais aussi la langue utilisée par ces derniers à travers les mots du dialoguiste Michel Audiard. C’est ainsi que j’ai appris que le langage truculent créé par Michel Audiard n’a rien à voir avec l’argot, d’abord la « langue du désespoir, de la misère et des rejetés » puis « une langue cryptée » pratiquée dans « le milieu des gangsters » selon le linguiste Louis-Jean Calvet, spécialiste de l’argot. La langue d’Audiard n’intègre en réalité que quelques mots d’argot. C’est en fait la syntaxe qui est en rupture avec ce que nous avons appris. Audiard, dans les dialogues qu’il construisait, inversait souvent le sujet et le verbe y compris dans les phrases à la forme active et donnait ainsi l’impression à ceux qui l’écoutaient ou le lisaient de parler une langue « en dehors des normes ». Par extension, on a souvent dit qu’il pratiquait l’argot mais, selon Louis-Jean Calvet, c’était un pseudo-argot.

Argot ou pas, ma réplique préférée dans Les Tontons flingueurs est celle de Raoul Volfoni, interprété par Bernard Blier, à propos de Fernand joué par Lino Ventura : « Il est complètement fou, ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. J’vais lui faire une ordonnance et une sévère. J’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quat’coins de Paris qu’on va le r’trouver éparpillé par petits bouts, façon puzzle (ndlr : à prononcer avec un « u » comme dans « rue »). Moi quand on m’en fait trop, j’correctionne plus : j’dynamite, j’disperse, j’ventile. »

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