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Mouton de Panurge

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Qui n’a jamais utilisé cette expression ? Le mouton de Panurge désigne celui ou celle qui suit aveuglément une décision, un groupe, sans se poser de questions. Mais sait-on à quoi ou à qui elle fait référence. Disons-le, c’est parce que j’ai utilisé cette expression cette semaine que je me suis soudainement posée la question : « mais au fait qui était Panurge ? ». Le Petit Robert ne nous informe pas sur le sujet (normal me direz-vous puisqu’il s’agit du dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française et non de celui des noms propres) pas même lorsqu’on cherche à « mouton ». Le « mouton noir » ou le « mouton enragé » y tiennent une belle place mais celui de Panurge est absent. Alors ? Panurge ? Compagnon de Pantagruel, ce personnage a été créé par François Rabelais. Parti sur un bateau au « Pays des lanternes », Panurge veut se venger d’une altercation qu’il a eue avec le propriétaire d’un troupeau de moutons. Le dit propriétaire étant sur le bateau avec Panurge, ce dernier lui propose de lui acheter sa plus belle bête, le chef du troupeau. Chèrement acquis, celui-ci est jeté par dessus bord par Panurge, sans plus de cérémonie. Surpris et déroutés, les autres membres du troupeau suivent sans se poser de questions. Dindenault, le propriétaire, s’accroche à ses bêtes mais elles sautent avec une telle vigueur qu’il ne peut rien faire et passe par dessus bord à son tour. Tous se noient et Panurge est vengé. De quoi réfléchir à deux fois pour ne pas boire la tasse, non ?

« Soudain, je ne sais comment, le cas fut subi, je n’eus loisir de le considérer, Panurge, sans autre chose dire, jette en pleine mer son mouton criant et bêlant. Tous les autres moutons, criant et bêlant en pareille intonation, commencèrent à se jeter et à sauter en mer après, à la file. La foule était à qui le premier y sauterait après leur compagnon. Il n’était pas possible de les en empêcher, comme vous savez du mouton le naturel, toujours suivre le premier, quelque part qu’il aille ». Rabelais, Pantagruel: Le Quart Livre, chapitre VIII.

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