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Ne me dites plus jamais bon courage ! de Philippe Bloch

Couv Ne me dites plus jamais bon courage!Par ces temps de pessimisme ambiant, voilà un livre qui fait du bien !

Conférencier, animateur sur BFM Business et chroniqueur aux Echos, Philippe Bloch a recensé toutes ces phrases qui nous viennent, par habitude, sans même nous rendre compte de leur portée négative ou triste. Des phrases qui finissent par nous « pourrir la vie » !

Philippe Bloch a l’art de la formule, le propos est donc parfois facile voire bavard. S’il dénonce toute la charge négative dont les phrases qu’il a choisies sont porteuses, il n’en analyse que rarement les raisons. Bien sûr, ce n’était pas l’objectif de son livre mais sans doute, cela aurait-il été utile.

Son ouvrage, qui regroupe douze expressions, reste cependant intéressant pour la prise de conscience qu’il permet, car, qu’on le veuille ou non, nous utilisons tous ce type d’expressions. Exemple : « Le problème, c’est que… », « ça ne marchera jamais » ou encore « ça va comme un lundi ! ». Cette dernière expression ne figure pas dans le livre mais y aurait toute sa place.

Extrait, page 39, « Le problème, c’est que… » : « À peine installé dans le TGV, je dégaine mon ordinateur portable pour écrire ma prochaine chronique. En panne d’inspiration, j’élimine un à un tous les sujets envisagés. Trop tôt. Trop tard. Pas assez fun. Déjà traité. Quand soudain s’installent à mes côtés deux jeunes loups en costume cravate qui vont oublier deux heures durant qu’ils ne sont pas au bureau, mais bien dans un espace public confiné où chacun essaie tant bien que mal de se concentrer et de rattraper son retard de lecture, de travail ou de sommeil. Incapable de réfléchir, j’opte donc pour la sieste…

Peine perdue. Car leur conversation redouble alors d’intensité, et je n’ignore désormais plus rien des états d’âme persistants de leur assistante Jessica ou de son fameux penchant pour les RTT. (…) Mais le plus agaçant est ailleurs. À tout moment et sur chaque sujet, les deux collègues ponctuent leur discussion de l’une des phrases qui m’énerve le plus au monde et qui est sans nul doute en partie à l’origine de ce lexique anti-déprime :  « Le problème, c’est que … ». A les entendre, tout ne serait donc qu’emmerdement, risque, tourment, peine, lourdeur ou complication. (…). Tout irait pour le mieux si ces deux rabat-joie étaient les seuls à utiliser en boucle cette expression funeste, qui en dit long sur la vision que l’on a du monde. (…). Ce qui me frappe, c’est que nous sommes devenus incapables de penser que les choses peuvent être simples, normales, apaisées, fluides, agréables, que tout n’est pas forcément combat, tension, obstacle ou rivalité. Qu’il n’y a pas QUE des problèmes et qu’il est possible de vivre heureux, voire plus, sans tenter de les débusquer en toutes circonstances. Qu’il n’y a aucune honte à voir un verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Que le monde tournera aussi bien si nous cessons de déceler uniquement ce qui ne fonctionne pas. Car l’air de rien, cette habitude finit par nous conditionner en nous faisant imaginer des difficultés partout, même et surtout là où il n’y en a pas encore. Voire les faire survenir, à force d’être convaincus de leur avènement proche ou lointain. Plus grave est sa capacité à inhiber notre prise d’initiatives, ou notre propension à courir le moindre risque. » Philippe Bloch.

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