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Petite terre, Vaste rêve

Petite Terre, Vaste Rêve d’Andrée Chedid

J’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles d’Andrée Chedid. Le livre commence par Petite terre, qui replace notre planète au sein de l’univers, rappelant ainsi sa petitesse et sa finitude. Il se termine par Vaste Rêve, une ode à la puissance de notre imaginaire, aux « traces indélébiles » qu’il laisse dans nos esprits jusqu’à « l’anéantissement de notre planète ». Entre les deux, des histoires d’êtres humains, terriblement humains, qui s’aiment, se déchirent, se battent, se retrouvent, s’accomplissent. La vie, quoi !

Extrait, page 45 : « Sur un rythme opposé et sur un tout autre diapason, Verlaine, vissé sur son long siège en bois verdâtre, était plongé dans sa lecture. Ce jour-là, décidée à en savoir plus, je ralentis ma marche et, m’approchant du banc, je m’aperçus, stupéfaite, qu’il tenait son livre à l’envers.

Effaçant ma rencontre, à la fois roborative et déprimante, avec la jeune athlète-métronome, je m’approchai de ce banc, me demandant si j’y serais bienvenue.

– Prenez place, me dit-il, éloignant sa sacoche.

Je m’assis, ajustant mon dos à la confortable courbure du dossier. J’allongeai les jambes, je fermai les yeux. La détente fut immédiate.

Quelques minutes après, le cahier ouvert sur les genoux, Verlaine avala une seule gorgée de vin au goulot ; puis me tendit la bouteille. Je bs à mon tour et l’en remerciai.

– Vous vous appelez comment ? me demanda-t-il.

– Lily. Et vous ?

– Moi, c’est Paul.

Il me montra ensuite ce cahier noir que je l’avais vu remplir avec ferveur.

– Vous pouvez regarder.

Je le pris, l’ouvris avec précaution. Je le feuilletais de plus en plus fiévreusement. Toutes les pages étaient vierges. » Andrée Chedid.

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