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Témoin involontaire de Gianrico Carofiglio

Couverture Témoin involontaire de Gianrico Carofiglio

Guido Guerrieri est avocat à Bari, chef-lieu des Pouilles sur la côte adriatique. À 38 ans, sa vie a pris une tournure qu’il n’aurait pas imaginée: sa femme l’a quitté, son travail l’ennuie, ses amis aussi. Mais voilà qu’une jeune femme noire lui rend visite à son cabinet. Son compagnon, Abdou Thiam, instituteur au Sénégal, devenu vendeur de breloques sur les plages de l’Adriatique, a été arrêté pour le meurtre d’un petit garçon de 9 ans. Et tout l’accuse.

Le cas impossible à défendre en quelque sorte. Pourtant, Guido Guerrieri, sans trop savoir pourquoi et alors même que cette femme dit clairement qu’elle ne sait si elle pourra le payer, accepte de représenter et de défendre Abdou Thiam devant la justice italienne. Une décision qui emmènera l’avocat au bout de lui-même.

Premier livre traduit de Gianrico Carofiglio en octobre 2013, Témoin involontaire est non seulement très bien écrit mais très réaliste. Et pour cause, son auteur est aussi magistrat, spécialisé dans la lutte anti-mafia. Au-delà de l’enquête, il est très intéressant de découvrir comment Guido Guerrieri prépare la défense de son client, utilise la loi et ses failles pour bâtir son argumentaire et l’on se délecte à la lecture de sa joute oratoire, impressionnante. Gianrico Carofiglio nous donne aussi à connaître un personnage désormais récurrent dans ses romans, touchant et drôle. Et toujours l’Italie en toile de fond, sa bonne cuisine et ses bons vins, ses places et ses églises.

À découvrir sans tarder !

Extrait, page 77 : « Les jours qui suivirent cette fameuse nuit ne furent pas inoubliables. Au bout d’une semaine (environ), arriva l’avis de clôture de l’enquête. Le lendemain, à huit heures trente, j’étais dans le secrétariat de Cervellati pour demander une copie du dossier. Je rédigeai la requête et on m’informa que j’aurais les copies d’ici trois jours. Je m’en allai, en proie à des sensations négatives.

Le vendredi, ma secrétaire passa au parquet, paya les droits de reproduction, retira le dossier et rapporta le tout à mon cabinet. Je passai le samedi et le dimanche à lire et relire ces pages. Je lisais, je fumais et buvais du café allongé et décaféiné dans une grande tasse. Je lisais et fumais, et ce que je lisais ne me plaisait pas du tout. Abdou Thiam était dans de sales draps. La situation était encore plus grave que ce qu’il m’avait semblé à la lecture de l’ordonnance de placement sous mandat de dépôt. Ça ressemblait à l’un de ces procès sans issue, quand aller jusqu’à la phase des débats se résume à un massacre inutile » Gianrico Carofiglio.

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