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Un festival meurtrier de Gabriel Vinet

Couverture Un  festival meurtrier de Gabriel VinetInspecteur des ventes des films Lumière, Gabriel Vinet, originaire du pays de Retz en Bretagne, était aussi écrivain. Décédé en 1999, il a laissé quelques livres dont ce polar dont l’énigme se déroule à Lorient, dans le milieu des marins où l’on n’aime guère les gens qui causent.

Un festival meurtrier prend place au cœur de l’été à Lorient alors que la ville accueille son célèbre festival interceltique qui réunit chaque année des milliers d’amateurs de binious et … de bières ! L’un des sonneurs de cornemuse qui défile dans la rue avec sa troupe s’effondre, une balle dans le crâne. Un « travail » on ne peut plus soigné qui laisse à penser qu’un tueur à gages est intervenu. Missionné sur cette affaire, l’inspecteur Thobie ne tardera pas à découvrir que le tueur à gages en question a lui-même été abattu de deux balles dans la nuque. Le lendemain, c’est un ancien marin qui est retrouvé pendu en haut d’un mât de misaine, son corps ayant été, au préalable, atrocement mutilé et déguisé en femme. Mais quel rapport entre cet assassinat et les deux premiers ? Lorient serait-elle prise dans un vent de folie ? Autant de questions qui germent dans le cerveau de l’inspecteur Thobie lorsqu’un quatrième cadavre est découvert, attaché au gouvernail du Victor Pleven, un bateau musée. Déguisé lui aussi, l’homme est également un ancien marin, connu pour avoir mené les grandes campagnes de pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve il y a plus de cinquante ans…

Malgré quelques maladresses dans l’écriture et quelques clichés, Un festival meurtrier est un polar bien mené que j’ai englouti en quelques heures et qui ne délivre son secret que dans les dernières pages. Exactement ce qu’on est en droit d’exiger d’un polar ! J’ai aimé aussi le fait que cette histoire se déroule dans une ville autre que Paris, New York ou je ne sais quelle autre ville symboliquement forte et qu’elle donne à mieux connaître le milieu très fermé des « gens de mer ».

Extrait, page 86 : « Cela faisait le quatrième cadavre, en trois jours, qui prenait le chemin de la morgue. C’était beaucoup. Avec l’absence du médecin légiste, les tiroirs frigorifiques allaient bientôt manquer. Heureusement, c’était le dernier jour du festival. On pouvait donc espérer qu’il s’agissait là aussi du dernier crime et que le lendemain, la vie reprendrait son cours normal, son train-train habituel, avec peut-être, sans doute même, quelques belles gueules de bois, des maux de crânes et de racines de cheveux. Dis jours de festival, en plein cœur de la ville, ça use et ça abuse. Mais les traditions sont là. Il convient de les respecter. Faire la fête à la mi-août est un don du ciel, même les chats noirs dans les gouttières organisent des concerts nocturnes.

L’inspecteur Thobie, en son âme et conscience, décida qu’après tout lui aussi avait bien le droit de visiter les immenses chapiteaux de toile blanche qui avaient poussé aux quatre coins de la ville comme des champignons, à Kergroise, au Moustoir, dans les jardins du Faouëdic, place Jules-Ferry et, à ses alentours, salons et cabaret.

La carte d’identité du capitaine Marrec, qui venait de quitter le Victor Pleven les pieds devant, indiquait qu’il était domicilié au Pouldu, au-delà de la Laïta, donc dans le Finistère. Un vieux marin, c’était normal, habitait dans une ville en bordure de mer. » Gabriel Vinet.

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