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Une vie de Simone Veil

Une vie-Simone Veil

Simone Veil aura attendu d’avoir 80 ans pour écrire ses mémoires, donner à connaître au grand public ce qu’a été sa vie. Et elle l’a fait avec une grande humilité, en s’excusant presque, en prologue de son livre, d’emprunter ce titre à Maupassant. Une vie … comme si la vie de Simone Veil avait été celle de n’importe quelle autre personne. Il n’en est rien et sans doute personne n’aurait-il trouvé à redire si elle avait intitulé son livre « Ma vie ». Mais cela ne ressemblait guère à cette femme au mental d’acier, d’une très grande exigence, avant tout vis-à-vis d’elle-même, mais, par ricochet, bien sûr, vis-à-vis des autres également, et d’une grande probité.

C’est sans réserve qu’elle s’exprime dans ce livre qui retrace l’essentiel de sa vie depuis ses années heureuses dans une famille juive et laïque à Nice jusqu’à son soutien à Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci s’est porté candidat à la présidence de la République en 2007. Son écriture touche au cœur le lecteur sans pour autant être larmoyant. Avec Simone Veil, pas de pathos. Juste les faits, décrits avec précision, justesse, sensibilité et lucidité.

En prime à la fin du livre, les plus importants discours qu’elle a écrits et prononcés dont celui sur l’IVG qui lui a valu tant d’injustes et médiocres sarcasmes. Elle manquera à la vie politique française. Assurément.

Extrait, page 27 : « Dans l’été 39, l’entrée en guerre a été vécue par certains comme un soulagement. Dans les mois qui ont suivi, on plaisanta beaucoup à propos de la « drôle de guerre ». Je ne partageais pas ce soulagement. Je me revois disant à ma sœur : « Tu sais, nous, on est convaincus qu’on va gagner, mais les Allemands sont aussi persuadés qu’ils vont gagner ». Ce n’était pas pessimisme de ma part, mais ce trait de caractère, que j’ai conservé, avec la manie de penser que les choses ne vont pas forcément de pair avec les vœux que l’on forme.

Pour autant, nous étions loin de nous douter de ce qui nous attendait. D’abord au fil de mois interminables, l’attente des combats. Ensuite, la défaite, l’armistice, le régime du maréchal Pétain. Enfin, les lois raciales et le déchaînement de la violence contre les Juifs.

En un mot, ce que nous ignorions, au sein de cette famille heureuse où l’on venait de fêter mes onze ans, puis mes douze ans, c’est que le paradis de l’enfance était en train de s’engloutir ». Simone Veil.

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