Prononcé « beug », ce mot de trois lettres est entré dans notre quotidien peu avant les années 2000, époque à laquelle on nous promettait un chaos informatique proche du big bang. Ce mot anglais signifie « insecte » et désigne une panne informatique en raison d’une anecdote précise, lue ce jour dans le supplément « Eco & entreprise » du journal Le Monde. L’histoire est savoureuse : en 1947, la marine américaine met en route l’une des premières calculettes scientifiques. Construite à l’université de Harvard, la bête, surnommée « Harvard Mark » mesure 16 mètres de long pour 2,40 mètres de haut. Elle n’a cependant pas le temps de montrer de quels calculs elle est capable puisqu’elle tombe rapidement en panne… à cause d’une mite venue terminer ses jours dans ses entrailles.
Par extension, le bug est le grain de sable qui fait dérailler une mécanique bien huilée, le « plantage » que personne n’a vu venir (et hop, plus de son, plus d’image !). Il symbolise le dysfonctionnement, quel qu’il soit. Après les objets, ce mot tend cependant à s’appliquer aux êtres humains : « Untel ou Untelle a buggé », faisant du mot un verbe auquel on ajoute un –g, pour le son bien sûr, mais ce –g tout en rondeur semble aussi vouloir donner plus d’ampleur au bug lui-même. Le bug devient ainsi l’antichambre du burn out, ce syndrome d’épuisement professionnel de plus en plus souvent diagnostiqué dans nos sociétés modernes, conséquence d’un « trop plein », d’une exploitation à outrance, au-delà de toute mesure raisonnable, de nos capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles.