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Casse-toi …

La Une de Libération ce 10 septembre 2012

Avant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’expression « Casse-toi » était plus souvent le fait de quelques ados mal léchés, à la testostérone montante, voulant en découdre avec le monde entier. Ajoutez-y « pauv’con », placez la même expression dans la bouche du président de la République française et soudain, l’expression prend une tout autre saveur, sans compter le discrédit que son auteur jette sur sa fonction. Le journal Libération n’a pas oublié. Pas plus que la majorité des Français d’ailleurs. A la polémique qui enfle à propos de la nationalité franco-belge que prendrait le richissime Bernard Arnault, proche de l’ex-président, le quotidien a répondu en écho ce matin en Une : « Casse-toi riche con ! ». La réponse ne s’est pas fait attendre. Bernard Arnault porte plainte ce soir contre Libération. Si j’aime le côté gonflé des « Unes » de ce journal né en 1973, reprenant le titre d’un journal de la Résistance dirigé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, leurs titres incitatifs et leur esprit « empêcheur de tourner en rond », je ne suis pas sûre qu’un tel titre fasse avancer le débat. Sans doute ajoute-t-il un peu d’huile sur le feu d’une société française qui se désolidarise, se disloque sous les coups de boutoir d’une crise sociale, économique et financière profonde qui n’en finit plus, les riches d’un côté, les pauvres de l’autre. De la même façon qu’il est inadmissible qu’un visiteur lambda du salon de l’agriculture se fasse insulter par le président de la République française, il est tout aussi inadmissible de se faire traiter de « con » à la Une d’un journal, quand bien même on est riche.

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