149 ans après sa parution, Enivrez-vous, l’un des poèmes en prose de Charles Baudelaire, extrait du recueil Le Spleen de Paris, n’a rien perdu de sa beauté et de son intensité.

« Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. » Charles Baudelaire.

Récité par Serge Reggiani en 1968, c’est aussi très émouvant.

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Comments ( 2 )

  • Domi

    Surprenant ! C’est le texte que j’avais appris pour vous quand tu nous avais lancé un défi, je l’avais lu au cours de nos deux soirées lectures gourmandes.

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