1961, la célèbre philosophe juive allemande Hannah Arendt, naturalisée américaine depuis la fin de la guerre, demande au New Yorker de couvrir le procès d’Adolf Eichmann qui est sur le point de s’ouvrir à Jérusalem. Ses écrits sur Adolf Eichmann déclencheront l’une des plus grandes controverses du XXe siècle. Dans les cinq articles que publiera le New Yorker et plus tard, dans son livre Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt développera essentiellement deux concepts. D’abord celui de la « banalité du mal ». Pour Hannah Arendt, Eichmann ne serait qu’un être insignifiant c’est-à-dire incapable de penser, celui-ci n’ayant cessé d’affirmer lors de son procès qu’il n’a fait qu’exécuter les ordres d’Hitler. Deuxième idée force : les Juifs ont contribué à leur propre extermination par l’entremise des chefs de file juifs nommés par les nazis. Deux positions qui ne seront pas du tout comprises dans les années 60, ni par les Juifs rescapés des camps de concentration, ni par la communauté intellectuelle de l’époque. C’est cela que raconte le film de Margarethe Von Trotta, contrairement à ce que le titre pourrait nous laisser croire – ce n’est en effet pas une biographie sur Hannah Arendt.
J’ai rapidement parcouru les critiques sorties ça et là sur ce film. Elles ne sont pas bonnes. Je ne les partage néanmoins pas. Ce film a selon moi deux mérites : faire connaître cette polémique qui a eu lieu à une époque où il était encore difficile de prendre du recul sur la Shoah, difficile de comprendre l’incompréhensible. Deuxième mérite : donner à partager une partie de la pensée philosophique d’Hannah Arendt que je trouve à la fois prodigieuse et courageuse. Barbara Sukowa dans le rôle d’Hannah Arendt excelle !
Pour voir la bande annonce : [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=mCA4WzPLctA]