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La muraille de lave d’Arnaldur Indridason

Couverture La Muraille de lave d'Arnaldur IndridasonArnaldur Indridason a toujours su, jusque-là, me captiver. Cette fois, non. Sauf sur la fin du livre où l’on découvre qui a fait quoi et pourquoi.

J’ai trouvé que ce polar trainait en longueur, avec de multiples histoires enchevêtrées – un pauvre hère maltraité dans son enfance qui n’en finit plus de souffrir, une femme aux mœurs légères aimant l’argent, un journal subtilisé tous les jours dans la même boîte aux lettres – les unes aux autres, comme si Indridason cherchait absolument à brouiller les pistes, perdre son lecteur. Par ailleurs, le commissaire Erlendur, personnage principal des polars d’Indridason, n’est pas dans ce livre. Seuls ses enquêteurs y figurent, notamment l’inspecteur Sigurdur Oli et ce dernier ne m’est guère sympathique avec ses jugements déjà ficelés qui ne laissent aucune possibilité à l’autre d’exister vraiment.

Au début du roman, on ne sait qui parle. Classique pour un polar. Il y est question d’un masque en cuir, d’un poinçon à enfoncer dans le crâne de quelqu’un. Celui qui s’exprime est à l’évidence en grande souffrance. Puis intervient un ami de Sigurdur Oli qui le sollicite pour le tirer d’une affaire délicate mêlant échangisme et chantage. Celui-ci accepte. Sans doute n’aurait-il pas dû. A peine est-il rentré en contact avec la femme désignée par son ami que celle-ci meurt sauvagement assassinée à coups de batte de base-ball. Et Sigurdur Oli a du mal à justifier sa présence à l’instant même où celle-ci se fait agressée…

Si vous ne connaissez pas les polars d’Arnaldur Indridason, mieux vaut commencer par La femme en vert, La cité des jarres ou Hypothermie. Conservez celui-ci pour plus tard, lorsque vous aurez une vision plus complète de ce que ce monsieur est capable d’écrire, c’est-à-dire de bons polars bien ficelés qu’on lit avec avidité !

Extrait, page 52 : « Il ne s’était pas spécialement bien préparé et ne savait pas de quelle manière il allait s’y prendre, l’important était de choisir le moment adéquat. En décidant d’agir, il avait une vague idée de ce qu’il allait faire, mais aucune sur la méthode qu’il emploierait. Finalement, c’était la haine, si longuement étouffée, qui l’avait poussé à passer à l’acte.

Il savait que ces policiers souhaitaient interroger le salaud. Il leur avait un peu parlé de lui l’hiver dernier, puis cette histoire avait été enterrée. Leurs chemins s’étaient à nouveau croisés par le plus pur des hasards. Il n’avait pas essayé de le retrouver, mais il l’avait simplement aperçu dans la rue, tout à coup. Des dizaines d’années s’étaient écoulées depuis qu’il était sorti de son existence, puis un jour, il l’avait vu passer dans son quartier. Il avait compris qu’il habitait là. Dans son quartier ! Après toutes ces années, voilà que le salaud avait pour ainsi dire emménagé dans l’immeuble voisin !

Il avait eu du mal à démêler ce qu’il avait ressenti en comprenant qu’il s’agissait du même homme. Il y avait eu cet étonnement : cela remontait à si longtemps et il lui semblait exclu que leurs routes puissent à nouveau se croiser. Mais cette peur ancienne était également remontée à la surface, cet individu le terrifiait encore, il était la chose qui lui inspirait le plus d’effroi dans la vie. » Arnaldur Indridason.

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