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La rivière noire d’Arnaldur Indridason

Couverture La rivière noire D'Arnaldur Indridason

Dans le quartier de Thingholt à Reykjavik, un homme d’une trentaine d’années est retrouvé chez lui, égorgé, avec pour seule tenue sur le dos un tee-shirt, trop petit pour être à lui. La porte n’a pas été fracturée, pas plus qu’il n’y a de traces de lutte dans l’appartement. La découverte d’un flacon de Rohypnol – la drogue du viol – dans la veste de la victime laisse supposer à l’inspectrice Elinborg que cette dernière n’était sans doute pas irréprochable.

Bon polar que celui-ci, le septième de l’écrivain islandais traduit en français. Un changement cependant : alors que les six premiers mettaient principalement en scène le commissaire Erlendur, c’est l’inspectrice Elinborg, son adjointe, qui prend le relais cette fois-ci, le commissaire étant en vacances. L’occasion pour les assidus de cette série policière de faire plus ample connaissance avec l’inspectrice. Intuitive, elle aime la vie et trouve du réconfort dans la famille qu’elle a fondée avec un mécanicien. Son exutoire : tester des recettes de cuisine !

Au-delà de ce personnage sympathique, La Rivière noire est un polar bien mené, au rythme lent, comme souvent chez Indridason, et à l’intrigue complexe, ponctuée de multiples rebondissements. Y sont traités les thèmes du viol et de la honte qu’il génère chez les victimes ainsi que les secrets de famille. Vous devriez passer un « bon » moment, quand bien même ces sujets ne sont pas drôles !

Extrait, page 43 : « Un mince voile de neige recouvrait la terre, ce qui renforçait les jaunes et les rouges dont s’était parée la végétation. Silencieuse sur la banquette arrière, elle (ndlr : l’inspectrice Elinborg), admirait les couleurs automnales sans parvenir à se concentrer sur la beauté de cette nature. Elle pensait à son fils Valthor. Elle ressentait à son égard une certaine mauvaise conscience et se demandait quelle attitude adopter. Environ un mois plus tôt, elle avait découvert par hasard qu’il tenait un blog sur Internet. Elle était entrée dans sa chambre pour y ramasser les vêtements qui traînaient par terre et elle avait vu sur l’écran de son ordinateur qu’il écrivait des choses sur lui-même et sur sa famille. Elle avait reculé d’un bond en l’entendant arriver et fait comme si de rien n’était en le croisant à la porte. Elle avait mentalement noté l’adresse de la page et, malgré les tiraillements de sa conscience, fini par se décider à l’entrer sur l’ordinateur de bureau installé dans la salle-télé. Elle avait eu l’impression de fourrer son nez dans les lettres intimes de son fils jusqu’au moment où elle avait compris que n’importe qui pouvait lire ces textes. Elle fut prise de sueurs froides en voyant à quel point il se dévoilait. Il n’avait jamais dit à ses parents ni même vaguement mentionné à la maison un seul mot des choses qu’il avait consignées là ». Arnaldur Indridason.

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