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La solitude des nombres premiers

La solitude des nombres premiers de Paolo Giordano

Surtout ne vous arrêtez pas au titre de ce livre ! S’il est certes abscons, ses 343 pages sont riches, denses, magnifiquement bien écrites. Il y a d’abord Alice. Petite fille au début du roman, le lecteur la voit grandir au fil des pages, devenir femme. Une femme qui reste terriblement fragile, empêtrée dans ses souffrances d’enfant dont elle n’a su s’affranchir. Et puis, il y a Mattia. Mattia que rien n’intéresse plus que les chiffres, les calculs, les nombres premiers. Rien ne prédestine Alice et Mattia à se rencontrer tant ils vivent dans des mondes différents, sauf peut-être leur souffrance, leur solitude et leurs secrets.

Pour ce premier roman paru en 2008 et adapté au cinéma, Paolo Giordano, 26 ans à l’époque de sa parution, a reçu le prestigieux prix Strega. Des débuts prometteurs pour ce jeune écrivain, qui, en parallèle de ce roman, préparait son doctorat en physique théorique…

Extrait, page 51 : « Pietro Balossino avait renoncé depuis longtemps à pénétrer l’univers obscur de son fils. Quand, par mégarde, son regard tombait sur ses bras couverts de cicatrices, il repensait aux nuits qu’il avait passées à retourner la maison à la recherche  d’objets coupants, les nuits où Adele, bourrée de sédatifs, dormait sur le canapé la bouche ouverte car elle refusait désormais de partager son lit avec lui. Les nuits où l’avenir ne semblait durer que jusqu’au matin et où il comptait les heures, toutes les heures, scandées par les cloches au loin.

La conviction de retrouver un matin son fils la tête enfoncée dans un oreiller ensanglanté s’était enracinée si profondément dans son esprit qu’il avait fini par agir comme si Mattia n’était plus là ; c’était ce qu’il faisait en cet instant précis, au volant de sa voiture. Il l’accompagnait à son nouveau lycée. Il pleuvait dehors, mais la pluie était si fine qu’elle ne faisait pas le moindre bruit ». Paolo Giordano.

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