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La vie, la mort, la vie d’Erik Orsenna

La vie la mort la vie Erik Orsenna

 Le sujet d’un livre tient parfois à peu de choses. Celui traité par Erik Orsenna, académicien, dans son livre La vie, la mort, la vie, est lié au fait qu’il occupe le fauteuil de Louis Pasteur et que son voisin de droite aux séances du jeudi de l’Académie, François Jacob docteur en biologie décédé en 2013, n’a cessé de le taquiner sur le fait qu’il n’entendait rien à la biologie et à la vie de Pasteur. C’est donc en chercheur qu’Erik Orsenna s’est lancé dans cette aventure. Mais un chercheur bien particulier qui n’a eu de cesse de disséquer son sujet pour mieux le comprendre et le faire comprendre à ses lecteurs. Au final, un livre très pédagogique sur la vie de ce fils de tanneur jurassien qui, chaque année, toute sa vie durant, passait deux mois dans le magnifique village d’Arbois. C’est ainsi qu’on apprend que l’illustre Louis Pasteur était un élève médiocre avant d’être repéré par Napoléon III. S’il doit ses découvertes à sa capacité à se questionner et à sortir de son laboratoire pour expérimenter sur le terrain – ce que peu de scientifiques faisaient à l’époque -, il les doit aussi à son épouse, Marie Laurent, Clermontoise, qui a toujours été présente à ses côtés, prête à tous les sacrifices. Moins connu est aussi le portrait qu’Erik Orsenna fait de l’homme. Brillant scientifique, Louis Pasteur était plutôt du genre austère, volontiers conservateur, donneur de leçons voire méprisant, tenant pour peu de choses tout ce qui ne pouvait être prouvé scientifiquement.

Un livre passionnant qui se lit en à peine deux soirées !

Extrait, page 99 : « En reconnaissance de ces succès, le ministre de l’Instruction publique et des Cultes nomme Pasteur administrateur et directeur scientifique de l’École normale.

À peine arrivé rue d’Ulm, il y instaure une discipline quasi militaire. Dans osn esprit, les normaliens sont payés et formés pour travailler et pour obéir. D’où une série de mesures immédiates qu’il estime nécessaires :

  • Livres jugés « inutiles » retirés de la bibliothèque. À quoi peuvent bien servir certains romans, dont Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, par ailleurs violent antibonapartiste ?
  • Contrôle strict de l’habillement. Paul Vidal de La Blache, le futur géographe, est ainsi sanctionné pour tenue inconvenante, « l’attitude abandonnée de quelqu’un qui pense à autre chose ».
  • Lutte systématique contre différentes pertes de temps : consignes données pour réduire la durée de la toilette, limitation des permissions de sortie sans justification de leur nécessité ;
  • Obligation d’assister deux fois par jour aux prières ;
  • Interdiction de fumer ;
  • Ragoût de mouton servi tous les lundis (représailles contre les élèves l’ayant précédemment décrété immangeable.

Les normaliens grondent, surtout les « littéraires ». La tension monte. » Erik Orsenna.

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