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L’art du mot juste

L’art du mot juste de Valérie Mandera

Dans la lignée des livres de Jean-Loup Chiflet, j’ai découvert celui de Valérie Mandera. L’art du mot juste nous propose d’enrichir notre vocabulaire par l’emploi de termes moins usités mais donnant plus de relief et de poids à nos écrits et nos paroles. Conçu un peu comme un dictionnaire (en beaucoup moins de pages néanmoins), Valérie Mandera propose pour chaque mot abordé un synonyme, en donne une explication, son origine et l’illustre par un exemple souvent savoureux. A lire comme on mange un dessert, tranquillement, en appréciant chaque mot et en commençant là où on veut !

Extrait, page 54 : « Faquin, synonyme de fripouille, voyou, racaille vaurien. La prochaine fois que certains de nos hommes politiques décideront de vilipender es jeunes des cités populaires en les traitant de racailles, qu’ils le fassent au moins avec style. « Maraud, faquin, butor de pied plat ridicule ! » pour paraphraser Edmond Rostand ou encore gredins, maroufles, bélîtres, sacripants, fripouilles, voire anthropopithèques, bachibouzouks, ostrogoths ou forbans à la façon du capitaine Haddock. C’aurait plus d’allure. Revenons sur certaines de ces injures qu’il serait dommage de voir disparaître. Au XVIe siècle, un faquin était un portefaix, un simple porteur de bagages, puis, avec la réputation de ces travailleurs des ports, le terme se déprécie et passe dans le registre des insultes (XVIIe). Le faquin est dès lors un personnage méprisable, malhonnête, idiot et un peu vaniteux. Ce mot viendrait de l’ancien français facque « poche » (on appelait parfois les voleurs les « compagnons de la poche »).

Maraud (autrefois « marault ») est employé dès le XVe siècle dans le sens de « mendiant, filou » avant de marquer, d’une manière plus générale, le manque de considération à l’égard de la personne ainsi insultée. Là encore, il y a débat sur l’origine de cette injure. Elle pourrait dériver du nom donné au matou dans certains dialectes de l’ouest de la France, d’où le sens de « mendiant, vagabond » (le matou étant probablement aussi à l’origine de marlou, appellation argotique du proxénète). Notons au passage que la maraude, avant de qualifier l’errance des taxis à la recherche de clients, désignait le fait de rôder à la recherche de denrées à chaparder. On trouve également le terme maraud  sous la forme maroufle, un peu oubliée de nos jours.

Le gredin, qui au XVIIe siècle désignait aussi un vagabond, est une autre manière insultante de nommer un individu louche et dénué de morale. Il dérive du néerlandais gredich « avide ». Aujourd’hui son usage a perdu sa force et contient une nuance de sympathie : on l’emploiera plus volontiers pour gourmander un petit garçon turbulent que pour qualifier un ex-ministre corrompu. ». Valérie Mandera.

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