Nathalie, la cinquantaine, est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Dans sa classe, pas une perturbation. Au contraire, une écoute attentive tant elle maîtrise son sujet et sait le rendre abordable. Marié à Heinz, lui-même professeur de philosophie, elle partage sa vie entre ses deux enfants, ses anciens élèves, la maison d’édition avec laquelle elle travaille parallèlement à son métier de professeur et sa mère, dépressive et hypocondriaque. Un soir, alors qu’elle rentre chez elle, son mari lui annonce qu’il va la quitter pour une autre.
Un mot et une question me sont venus au sortir du cinéma. Le mot : « inachevé ». Car c’est en effet la sensation que j’ai eue lorsque le générique a défilé. Une question : pourquoi intituler ce film l’avenir alors que cette femme est terriblement dans le présent et c’est sa force, justement ?
Face à l’adversité – car ce n’est pas seulement son mari qui la quitte -, Nathalie ne se lamente pas sur son sort, ne lutte pas, ne crie pas de rage. Au contraire, tel le stoïcien, elle accueille ce qui vient – ce qui ne signifie pas qu’elle ne souffre pas. Sans doute pour la première fois de sa vie, elle prend conscience qu’elle est libre, formidablement libre et que dès lors tout devient possible, sans pour autant qu’elle se projette dans l’avenir, qu’elle le construise avant même de le vivre. D’où, le titre du film. Nathalie est dans le présent, farouchement ancrée dans le présent et n’est-ce pas le propre du présent que d’être en permanence inachevé parce qu’en permanence en train de se vivre et donc de changer. Le présent a cela de magnifique qu’il n’est jamais figé.
L’Avenir est un beau film, magnifiquement interprété par Isabelle Huppert. C’est aussi un bel hommage à la philosophie, à l’introspection, au temps présent que nous ne serrons sans doute pas assez fort dans nos bras.
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