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No more Natalie de Marin Ledun

No more Natalie de Marin Ledun

Ceux qui ont moins de trente ans ne se souviennent sans doute pas de ce drame. Et d’ailleurs, il n’est pas sûr du tout que les noms de Natalie Wood, Robert Wagner et Christopher Walken leur disent quelque chose. Ces trois acteurs américains ont connu la gloire sur le grand et le petit écran. La nuit du 28 novembre 1981, ils se trouvent tous les trois dans la baie de Los Angeles à bord du Splendour, le yacht du couple que forment Robert Wagner et Natalie Wood, pour une soirée festive – avec une quatrième convive qui arrivera un peu plus tard et ne restera que très peu de temps à bord -, façon sexe, drogue – livrée dans de grosses valises -, alcool et bien sûr argent !

Seuls les deux hommes survivront à cette nuit. Natalie Wood sera retrouvée morte au petit matin. L’enquête conclura à une mort par noyade.

C’est de cet événement réel dont s’empare Marin Ledun, jeune quadragénaire, auteur de polars, déjà couronné par de nombreux prix. Marin Ledun met en scène les protagonistes – c’est Robert Wagner qui raconte le déroulé de la soirée -, éclaire sous un jour nouveau cette histoire qui a défrayé la chronique, donne sa version des faits et dépeint un monde – Hollywood notamment – effrayant de bassesses et de coups tordus, proche de la pègre. Le résultat est troublant tant la réalité des faits – Marin Ledun livre des informations très précises sur certains points – se superpose à ce qu’il a imaginé ou l’inverse. Pour m’être intéressée de près à cette affaire au milieu des années 80 et pour avoir lu nombre d’articles et d’ouvrages sur cette nuit dramatique, je ressors de la lecture de cette novella de 85 pages quelque peu déroutée. Fiction ? Réalité ? Si tout cela n’est que pure fiction, pourquoi Robert Wagner et Christopher Walken n’attaquent pas pour diffamation ? Si tout cela est vrai, pourquoi ces deux hommes vivent en toute liberté ? En janvier 2013, l’enquête a été ré-ouverte, suite à de nouveaux témoignages. Le dossier a cependant été refermé et avec lui, sans doute la clé de cette histoire. Quoi qu’il en soit, No more Natalie est un polar entre fiction et réalité très réussi.

Extrait, page 17 : « Le vin blanc me montait au cerveau. Je m’engoufffrai dans l’escalier en titubant, puis gagnai la coursive. Là, je tirai à moi l’un des panneaux de bois exotique, révélant la cache où Ronnie (ndlr : Ronnie est le diminutif de Christopher Walken) et moi avions entreposé la cocaïne et le fric quatre heures plus tôt. Je laissai courir mes doigts sur les billets verts, fantasmant un instant sur la manière d’extorquer ces deux cent cinquante mille dollars à Droope Sr sans finir en nourriture pour poisson dans la baie de L.A. Je secouai la tête en frissonnant, prélevai cinq grammes de poudre et remis le panneau en place.

Quand je ressortis, Natalie était ivre ou feignait de l’être et Ronnie s’était lancé dans un numéro d’équilibriste sur le parapet. Marylin poussait de grands cris, ce qui avait le don de l’encourager. Je jetai les sachets sur la table basse. » Marin Ledun.

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