A lire dans M le magazine du Monde daté du 17 mars, un article signé Laure Mentzel sur le QG de campagne des candidats à la présidentielle ou pour le moins des candidats qui ont les moyens d’en avoir un. Laure Mentzel y évoque donc celui du « candidat président », de François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et François Bayrou. Lieu par nature éphémère, le QG de campagne des candidats témoigne, selon la journaliste, d’un état d’esprit, d’une politique à venir, d’une manière de concevoir les relations au sein d’une équipe… bref, « de la stratégie de leur occupant ». C’est ainsi qu’on apprend que Nicolas Sarkozy a choisi le rez-de-chaussée d’un immeuble du quinzième arrondissement de Paris parce qu’un rez-de-chaussée est immédiatement accessible. L’idée ici est de casser cette image de président loin du peuple, reclus dans sa tour d’ivoire, entourés d’huissiers aussi rapides à lui ouvrir les portes que silencieux. Le choix de l’arrondissement n’est pas anodin. Typé « classes moyennes », il tranche avec le précédent QG que s’était choisi Nicolas Sarkozy dans le populaire Xe arrondissement de Paris en 2007 nous rappelle Laure Mentzel. Les riverains avaient d’ailleurs manifesté leur mécontentement de voir arriver, dans leur quartier, le chantre de l’économie libérale. Jean-Luc Mélenchon a opté pour un QG plus « ouvrier ». Il s’est en effet installé en banlieue dans une ancienne usine et ses équipes y travaillent dans une déco de bric et de broc, les militants ayant apporté ce dont ils ne voulaient plus chez eux. La couleur des meubles a cependant été coordonnée. Dominante rouge. Marine Le Pen, quant à elle, donne dans la modestie. Enfin… Le 8e arrondissement tout de même. Boulevard de Malesherbes. Rien sur la porte de l’immeuble n’indique cependant que son QG s’y trouve. Quelques bouquets, des drapeaux, une décoration sobre et cosy tentent d’affirmer que le Front National est un parti fréquentable. Par son choix d’implanter son QG de campagne au siège du MoDem, François Bayrou est peut-être celui qui met le plus en cohérence actes et paroles. Le siège est tout de même installé « dans un magnifique hôtel particulier aux allures d’agence de pub » souligne Laure Mentzel. Pour finir, le QG de François Hollande… au loyer coûteux, très coûteux. 40 000 euros par mois pour 1 000 m2. Gloups ! Situé avenue de Ségur, il incarne par sa position géographique entre Assemblée nationale et quelques ministères, la présidentialisation du candidat socialiste. Va pour le symbole, François Hollande en route vers le fauteuil du président ! Cela fait tout de même cher le symbole. Pour le reste, toutes les portes sont ouvertes mais rappellent le nom de celui qu’on trouvera derrière elles, l’espace est sobrement meublé mais à la dimension d’un président.
On le voit, quel que soit le QG, tout est savamment orchestré, calculé, réfléchi. Le lieu où soi disant se construit le futur de la France voulu par le candidat qui l’occupe n’est cependant que très rarement fréquenté par ce dernier mais il est important de raconter une histoire, façon « Il était une fois ». En communication, on appelle cela le storytelling. Comme les mythes, contes et légendes ont traversé l’histoire des hommes et continuent de leur parler, en dehors de tout aspect raisonnable et véridique, la communication narrative, l’autre nom du storytelling, est le vecteur de messages plus complexes. Elle parle au cœur avant de parler à la tête, elle vise l’émotion avant la raison, l’idée étant, par ce biais, de renforcer l’adhésion du public au fond du discours. Reste à savoir lequel des candidats à la présidentielle sera le meilleur faiseur d’histoires. Une chose est sûre, c’est le contribuable qui paiera. En monnaie sonnante et trébuchante, puisque les frais de campagnes sont remboursés par les fonds publics (pour tout candidat obtenant au moins 5% des voix) et d’une autre manière si nous ne prenons pas de recul par rapport à l’histoire qui nous est contée. A vos urnes citoyens !