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Requiem pour une cité de verre

Requiem pour une cité de verre de Donna Leon

C’est dans une Venise printanière et sur l’île de Murano, célèbre pour ses verreries, que Donna Leon nous plonge dans Requiem pour une cité de verre. Un veilleur de nuit, Giorgio Tassini, est retrouvé mort près de l’un des fours de la verrerie dans laquelle il travaillait. Simple accident ou assassinat ? Le commissaire Guido Brunetti s’interroge. Ce, d’autant plus que le veilleur de nuit ne cachait pas les recherches qu’il faisait sur les déchets toxiques rejetés dans la lagune par les entreprises locales. Vous ne lâcherez plus votre livre et ressentirez même, par moment, la forte chaleur dégagée par les fours…

Extrait, page 148 : « Les portes métalliques coulissantes de l’immense bâtiment de brique étaient juste assez écartées pour laisser passer un homme. Brunetti se glissa à l’intérieur et se trouva plongé dans l’obscurité. Il fallut un moment à ses yeux pour s’ajuster et lorsqu’il commença à distinguer quelque chose, il eut l’impression de se trouver face à un gigantesque Caravage. A l’autre bout de l’atelier plongé dans la pénombre, six hommes s’étaient un instant immobilisés à côté de l’ouverture d’un four rond, en partie éclairés par le peu de clarté naturelle qui filtrait des verrières du toit, en partie par la lumière qui jaillissait du four. Ils bougèrent et le tableau s’évanouit pour être remplacé par le ballet complexe dont Brunetti, tout au fond de sa mémoire, n’avait pas oublié les mouvements. Deux fours rectangulaires étaient installés à droite, mais le forno di lavoro, le « four de travail », était monté au milieu de l’atelier. Apparemment, il n’y avait que deux équipes à l’ouvrage, car il ne vit que deux maestri faire tourner une masse de verre en fusion au bout de leur canne. L’un deux semblait lancé dans la fabrication d’un plat, car la force centrifuge impulsée à la canne transforma tout d’abord la masse rougeoyante en une sorte de disque épais, puis en pizza. Cela ramena Brunetti à l’époque où son père avait travaillé – non pas comme maestro, mais comme servente – dans une verrerie semblable, des décennies auparavant. Sous ses yeux, ce maestro devint celui que son père avait assisté ; devint tous les maestri qui avaient travaillé le verre depuis plus de mille ans. » Donna Leon.

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