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Une odyssée américaine

Une odyssée américaine de Jim Harrison

A 62 ans, Cliff entame une « nouvelle » vie. Quittée par sa femme, cet ancien professeur de littérature devenu fermier décide, sa maison désormais vendue, de parcourir les Etats-Unis. Agrément supplémentaire du voyage : jeter, par la fenêtre de sa voiture, une pièce du puzzle des Etats-Unis qu’il a retrouvé en déménageant, à chaque fois qu’il franchit la frontière d’un Etat. Et nous voilà partis avec Cliff, traversant l’Amérique, d’est en ouest: Michigan, Wisconsin, Minnesota, Dakota du nord, du sud… Les paysages défilent au rythme des états d’âme du fermier et de ses aventures sexuelles avec Marybelle, peu farouche et opportune maîtresse. Un road-movie ou plutôt un road-book plaisant, cocasse et truculent, assorti de belles évocations des gigantesques territoires américains. J’ai parfois retrouvé dans ce livre des ambiances du film de Robert Redford « Et au milieu coule une rivière ».

Extrait, page 215 : « Lorsque je suis entré dans la rivière près de Notch Bottom, je croyais que l’eau me monterait aux genoux, mais elle était si limpide que j’ai mal évalué sa profondeur et elle m’a tout de suite englouti jusqu’à mi-buste. J’ai aspiré l’air à pleins poumons et senti mon zizi se recroqueviller dans mon bas-ventre. « Bah, tant pis », ai-je pensé en envoyant mes deux dernières cigarettes désormais trempées sur la berge, où je les retrouverais peut-être plus tard séchées après ce baptême désagréable. J’ai pêché et pêché. Au début, il n’y avait pas d’éclosion d’insectes, j’ai donc utilisé une mouche humide, une wooly bugger couleur olive, mais au bout d’une heure, vers midi, des insectes, qui ressemblaient aux éphémères vertes de chez moi, ont fait leur apparition. J’ai attrapé une demi-douzaine de truites brunes avec une mouche sèche, une Adams n°16, inventée dans le Michigan. Cette éclosion s’est soudain interrompue, j’ai donc fait une sieste d’une heure sur la berge. Je ne savais pas combien de temps au juste j’avais dormi, car ma montre de gousset avait pris l’eau dans ma poche et s’était arrêtée. A mon réveil, j’ai aperçu une femelle élan et son petit, qui ont vite disparu parmi la verdure des peupliers sur le terrain plat de la berge opposée. » Jim Harrison.

 

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