
Cette expression ne vous aura pas échappé. Depuis maintenant quelques années, on l’entend beaucoup. A propos de tout et de rien. Que vous disiez « merci » à une serveuse qui dépose votre plat du jour sur la table et vous vous voyez répondre « Y’a pas de souci ! ». Dans ce cas, « Y’a pas de souci » semble avoir remplacé l’expression « de rien », elle-même étant régulièrement shuntée par le pittoresque « Avec plaisir » très usité dans le sud-ouest. « Y’a pas de souci » peut aussi subrepticement se glisser dans une autre situation. Ainsi, lorsque vous proposez, hors cadre professionnel, un rendez-vous à telle ou telle heure et à tel endroit, on vous assène un « Y’a pas de souci » fatigué, voire légèrement exaspéré, comme si, quels que soient la date et le lieu proposés, tout était possible mais rapidement ! Façon « oui, oui, on verra cela plus tard car là tu vois, j’ai un peu autre chose à faire ! ». Vous l’aurez compris, je déteste cette expression. Pour mémoire, le souci est une inquiétude, un tracas. Pour me calmer, je vais aller prendre une décoction de soucis, connus notamment pour ses propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes !
Eh oui, tout le monde n’apprécie pas, ou pas toujours, le Français journalistico-à-la-mode, ou le Français banlieuso-grossier… ou encore le moderno-américain. Il paraît qu’il faut vivre avec son temps… comme vous j’ai parfois un peu de mal à le subir. D’un autre siècle ? Peut-être. (si oui je ne sais pas duquel 🙂 ). Mes compliments pour vos billets, je suis sensible à leur joli équilibre entre aménité, joie de vivre, esprit critique et poésie, sans oublier un indispensable grain de perfidie.
J’y ai eu droit hier au restaurant, je disais “merci!” au jeune serveur, qui m’a envoyé en s’éloignant un rapide “pas de souci”.
Cette expression est traitée dans le livre d’une philosophe paru dans la collection Le goût des mots ( Points). J’ai oublié le nom de l’auteure. Elle y décortique quelques tics de ce type, avec son approche philosophique.