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La Vérité sur l’Affaire Harry Québert de Joël Dicker

Couverture La Vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker

La trentaine rayonnante, Marcus Goldman est écrivain. Son premier roman vient de connaître un succès fulgurant. En quelques mois, il est devenu une star. Les chaînes de télévision se l’arrachent, les passants l’interpellent dans la rue, son livre sort premier de tous les classements de vente et les prix littéraires s’amoncellent comme les premières neiges sur le Mont Elbert dans les Montagnes Rocheuses. Tout va bien !

Une sourde angoisse s’empare cependant de lui peu à peu. Sommé par son éditeur d’écrire un deuxième livre rapidement – son nom étant encore connu et reconnu -, il sèche. La panne totale. L’écrivain célébré par tous n’a plus d’idées, plus de mots. Ne serait-il l’auteur que d’un seul et unique succès ?

Il décide alors de reprendre contact avec l’un de ses professeurs, son maître en littérature : Harry Québert. Ce dernier l’invite à venir le rejoindre dans sa grande maison située à Aurora dans le New Hampshire. Un cadre propice à l’écriture.

Ce qu’il vivra dans cette ville dépassera tout ce qu’il aurait pu imaginer et lui fournira, malgré lui, la matière pour écrire un deuxième livre et devenir réellement un écrivain.

 

J’ai longtemps attendu avant de lire ce livre. Sa mise en avant systématique dans les vitrines des librairies m’agaçait. L’Affaire Harry Québert était dans toutes les revues, dans toutes les bouches des critiques littéraires. Un phénomène amusant lorsqu’on connaît l’histoire qui nous est racontée par Joël Dicker. Ce dernier n’a pas trente ans. La Vérité sur l’Affaire Harry Québert, son deuxième roman, l’a rendu célèbre.

Étonnants parallèles, histoire dans l’histoire, construction en abîme, le lecteur se perdra avec délectation dans ce roman à clés, se raccrochera à une piste possible avant de comprendre qu’elle est fausse et se perdra à nouveau. Un peu comme Marcus Goldman à la fois habité par le doute et pétri de certitudes.

Au-delà de cette histoire, véritable polar, il y est aussi question de transmission et d’écriture : comment écrit-on un livre, bon de préférence ? Sur quels ressorts le construire ? Quand savons-nous que le but est atteint ?

C’est aussi un livre qui décrit – en toile de fond – très bien les États-Unis d’aujourd’hui et d’hier, sa grandiloquence, ses contradictions mais aussi ce qu’il est possible d’y faire tant le mot « Liberté » semble ancrer dans la culture américaine.

Le seul ennui avec ce genre de livres truffés de rebondissements, c’est que vous devenez, un temps, asocial, tellement son intrigue vous happe et vous isole du monde qui vous entoure. Chaque moment, même la plus brève minute, est une occasion quasi divine de revenir à Aurora, d’échafauder des scénarii pour vérifier une piste possible. Bref, vous êtes Marcus Goldman, à la recherche de la vérité sur Harry Québert ! Quant aux 859 pages pour l’édition de poche, n’ayez crainte, vous arriverez au bout bien plus rapidement que vous ne le pensez !

Extrait, page 123 : « C’est donc après l’épisode de la raclée monumentale de Lowell que notre amitié débuta véritablement et que Harry Québert, mon professeur de littérature la journée, devint Harry-tout-court, mon partenaire de boxe le lundi soir, et mon ami et mon maître certains après-midi de congés où il m’apprenait à devenir un écrivain. Cette dernière activité avait lieu en règle générale les samedis. Nous nous retrouvions dans un diner proche du campus, et, installés à une grande table où nous pouvions étaler livres et feuillets, il relisait mes textes et me donnait des conseils, m’incitant à toujours recommencer, à ne jamais cesser de repenser mes phrases. « Un texte n’est jamais bon, me disait-il. Il y a simplement un moment où il est moins mauvais qu’avant ». Entre nos rendez-vous, je passais des heures dans ma chambre, à travailler et retravailler encore mes textes. Et c’est ainsi que moi qui avais survolé la vie avec une certaine aisance, moi qui avais toujours su tromper le monde, je tombai sur un os, mais quel os ! Harry Québert en personne qui fut la première et la seule personne à me confronter à moi-même. » Joël Dicker.

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