En ce début d’année, je me plonge de nouveau dans l’univers du polar. J’ai passé un très bon moment avec le dernier livre de Björn Larsson, auteur suédois et professeur de littérature française à l’université de Lund. Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers narre l’enquête menée dans le port d’Helsingborg par le commissaire Barck, un policier, sans passé lourd et morbide, pour une fois satisfait de la vie qu’il mène ! Passionné de poésie, il aura à dénouer les fils d’une intrigue compliquée mettant en scène un poète assassiné – qui a cédé à la demande de son éditeur d’écrire un polar, « sous-genre de la littérature » -, un éditeur – ami du poète mais qui aimerait gagner quelques couronnes avec son auteur -, et deux amis très proches du poète, l’un trouvant son incursion dans le monde du roman policier fort intéressante, l’autre la qualifiant de non-sens. Comme tout bon polar et malgré les indices accumulés au fil de la lecture, ce n’est qu’à la toute fin que l’on comprend qui est l’auteur du crime et pourquoi. Malgré quelques maladresses de traduction, Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers est un livre plaisant et Björn Larsson a su impliquer ses lecteurs en glissant, dans son roman, nombre de références littéraires plus ou moins connues liées à un livre en particulier ou à ses auteurs. Ainsi rappelle-t-il les menaces qu’ont reçues Talisma Nasreen et Salman Rushdie pour avoir écrit des livres soi disant infamants. Mais ce livre est aussi une critique à peine déguisée du monde de l’édition, une attaque directe du monde de la finance ainsi qu’un vibrant hommage à la poésie. Le livre en est truffé et c’est réjouissant ! Ils sont d’ailleurs signés, pour la plupart, par Yvon Le Men, poète breton vivant à Lannion.
Extrait, page 72 : « ‘Si je meurs, ce qui arrive à tout un chacun, je désire que Tina Sandell se charge de gérer mon héritage littéraire. En contrepartie, elle recevra cinquante pour cent de tous mes droits d’auteur pour l’heure inexistants (qui sait, des écrivains ignorés de leur vivant ont connu une gloire posthume et pourquoi ne pourrai-je connaître cet improbable bonheur ?’. Signé Jan Y Nilsson.
Petersén relut ce texte à plusieurs reprises. Si je meurs – l’expression ne pouvait signifier qu’une chose : cela avait été écrit avant que Jan Y ait l’idée d se suicider. Mais qui était Tina Sandell ? Petersén se souvenait vaguement que le poète avait une amie, une sorte de muse qui l’avait soutenu dans les moments difficiles, tant sur le plan humain que littéraire. Ce suicide ne manquerait pas de la bouleverser. Mais peut-être cette Tina Sandell serait-elle moins à plaindre, si le roman de Jan Y était publié. Elle aurait même les moyens de veiller à la postérité de son œuvre. Raison de plus pour qu’il soit publié ». Björn Larsson.