Petit éloge de la bicyclette d’Eric Fottorino

Bel hommage que celui que rend Eric Fottorino au vélo dans Petit éloge de la bicyclette. Un hommage en courts chapitres qui sont autant d’anecdotes vécues de l’intérieur. Ainsi évoque-t-il ses rêves de jeunesse de devenir coureur cycliste professionnel mais aussi la mythique course Paris-Roubaix, Merckx, Poulidor et Anquetil ou encore le centenaire du Tour de France célébré en 2003. Loin d’être un panégyrique aveugle, Fottorino n’oublie cependant pas de parler du dopage et de tout ce qui pollue ce milieu depuis plusieurs années. Un livre pour les amoureux du vélo mais aussi pour ceux qui aiment l’écriture de Fottorino, empreinte de sensibilité et de sincérité.

Extrait, page 49 : « Et si la légende des cycles n’était que poudre aux yeux ? Les vérités brutales du Tour de France qui défraient la chronique depuis l’affaire Festina, en 1998, jettent une ombre glaciale sur les amours d’enfance de toute une nation, qui a élevé les rois de la petite reine au rang de demi-dieux, de géants populaires qu’on encourage au bord des routes, que l’on pousse, à l’occasion, d’une tape furtive dans le dos, au plus fort de la pente, de Tourmalet en Galibier. Rien n’a jamais arrêté le Tour, sinon les guerres. C’est dire combien les champignons pédalants ont forcé l’admiration d’un pays gagné à leur cause, petit peuple des boutiques et des ateliers, des champs et des usines, mais aussi intellectuels et penseurs de tout poil croyant reconnaître dans cette aventure bucolique un rien vieillotte – grimper des cols à vélo, mon Dieu ! – la dernière fabrique de héros, une de ces épreuves de force où l’homme, par la souffrance endurée, le courage, la vaillance, se montre plus grand que lui-même, se dépasse, se sublime et « fait rêver ». Un rêve ? Il s’agit bien de cela. Depuis 1903, et après quatre-vingt-quatre éditions de la Grande Boucle, la machine à rêver était demeurée intacte ou presque. Loi du silence, loi de la connivence, anciens champions reconvertis dans la presse, journaux partie prenante dans l’organisation du spectacle, il fallait que la caravane passe, et que les chiens, ou les brebis galeuses, se taisent. Le « pas vu, pas pris » régnait, le peloton se mettait en grève à la première menace de contrôle antidopage surprise sur le Tour, ainsi en 1966. » Eric Fottorino.

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