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Toute ma vie

Toute ma vie de Jay McInerney

Alison Poole a vingt ans. Elle vit à New York dans l’Upper East Side, sans doute le quartier le plus huppé de la ville. Nous sommes dans les années 80 et Alison, délaissée par ses parents divorcés, partage son temps entre ses cours de théâtre et ses amies, toutes aussi déjantées les unes que les autres. Pour tromper son manque d’affection et son ennui de la vie, Alison se perd dans la drogue, le sexe et l’alcool jusqu’à rencontrer Dean, un agent de change de 32 ans.

Voilà pour l’histoire. Autant le dire tout de suite, j’ai moyennement apprécié ce livre, sans doute trop éloigné de mon univers. J’ai eu du mal à accrocher avec cette jeunesse dorée qui se perd dans les nuits new-yorkaises à la recherche d’une bonne défonce. Néanmoins, le personnage principal, en mal d’amour, quoi qu’il en dise, est attachant et Jay McInerney a su, avec brio, retranscrire les états d’âme d’une jeune femme de 20 ans.

Extrait, page 24 : « Ce soir-là, mon vieux finit par appeler. Alors je lui balance, c’est pas possible, je rêve. Très mal à cause de toi, je fais, quand il demande comment ça va. Pardon, chérie, il dit, à propos du paiement des cours. J’ai déconné.

Ça, putain, tu peux le dire, je dis.

Oh, ma fille, qu’il fait, je suis dans un état.

T’as pas besoin de me le dire, je fais.

Il dit, elle m’a quitté.

C’est pas dans mon gilet qu’il faut que tu viennes pleurer. Comment s’appelle-t-elle déjà ? je dis. Alors il se met à pleurnicher et moi, quand est-ce que tu vas te décider à grandir, nom de Dieu ?

Je continue de lui débiter des vacheries pendant un moment et puis je luis dis que je regrette, qu’il s’en fasse pas, bon débarras, y a un paquet de femmes qui adoreraient un homme gentil comme lui. Pour rien dire de sa thune. Toute sa vie ça. Mais je ne dis pas ça bien sûr. C’est pas à cinquante-deux balais que je vais commencer à lui enseigner les réalités de l’existence. A ce que j’ai vu, personne ne change beaucoup à partir d’un certain âge. Disons à partir de quatre ans, en tous cas, je lui tiens la main et je le calme et j’en oublie presque de le taper.

Il promet de m’envoyer le montant des cours, le loyer et un petit extra. Sûrement pas de quoi retenir mon souffle. Je devrais haïr mon père, et parfois il me semble que c’est le cas. Y a une nana dans les médias depuis quelques semaines, elle avait refilé un contrat à son mec pour qu’il descende son vieux. Les familles, bordel. Au moins, avec les amants on peut rompre. » Jay McInerney.

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