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Burn-out

Couv Burn-out ravagesC’est le thème du burn-out, comprenez le syndrome d’épuisement professionnel, que le magazine Ravages (au format A5 et à la couverture cartonnée comme un livre chez Nova Éditions) a décidé de traiter dans son numéro d’hiver. Une revue qui s’est donnée pour mission de traquer les ravages de notre époque. « Qu’ils soient sournois ou brutaux, planétaires ou dans les cerveaux », la revue « utilise tous les moyens – artistiques, théoriques, littéraires, pamphlétaires, photographiques – pour arriver à ses fins » comme l’indique le site Internet novaplanet.com, le site de Radio Nova. Signés par des journalistes, essayistes, romanciers, philosophes, psychiatres, les articles, de très bonne qualité, qui se succèdent, évoquent le monde du travail, ce qu’il est devenu au fil des années avec l’utilisation massive de nos merveilleux jouets que sont les ordinateurs, les tablettes, les Smartphones et autres outils capables de se connecter à distance. Une « aliénation 2.0 » pour le philosophe et sociologue allemand Hartmut Rosa. Mais pas seulement.

La lecture de ce livre est à la fois violente et salutaire. A mettre entre toutes les mains et de toute urgence !

Extrait, page 32, texte d’Isabelle Sorente, romancière et essayiste, intitulé « Que brûle l’introverti dans l’enfer de l’open-space » : « Le mot BURN-OUT » ressemble à un tissu réversible. Au-dehors, l’anglicisme, la maîtrise, la couleur sombre du langage corporate. Au-dedans, une doublure rouge, les flammes qui s’élèvent, comme si le costume brûlait de l’intérieur celui qui le portait. La grisaille d’un bureau anonyme et la torche humaine se correspondent comme deux doubles inversés, que notre monde nous donne à voir comme toutes ses images choc : sans légende. Quelle histoire ? Quelles histoires raconte le mot « burn-out » ? Immolation ? Passion ? Enfer ? Pour nos esprits occidentaux, le feu représente un châtiment éternel, les flammes du burn-out évoquent un anathème. Mais qui prononce la sentence, et qui est condamné ?

Le burn-out commence par un état de fatigue. Les tâches s’accumulent, les journées se remplissent de rendez-vous, de déjeuners, de réunions, sans que le temps se libère pour que nous puissions nous consacrer à ce que nous appelons le travail de fond. Combien de fois l’entendons-nous cette plainte ? (…) Le burn-out ne vient pas d’un excès de travail, mais de l’impossibilité de se concentrer. C’est la première flamme qui s’allume sur le bûcher. Ce qui épuise, ce qui fatigue, ce qui étouffe la créativité, ce ne sont pas les heures passées à l’ouvrage, mais une interruption permanente de la concentration, comme si la preuve du travail devait en permanence être donnée avant que le travail ait commencé, par une succession de réactions immédiates à des stimulations extérieures incessantes ; la stimulation appelle une réaction qui appelle une stimulation, ça fait des étincelles, ça crépite, sans qu’il soit possible de revenir à soi ». Isabelle Sorente.

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