Le cœur régulier de Olivier Adam
« C’est une nuit sans lune et c’est à peine si l’on peut distinguer l’eau du ciel, les arbres des falaises, le sable des roches. Seules scintillent quelques lumières, de rares fenêtres allumées, une dizaine de lampadaires le long de la plage, deux autres aux abords du sanctuaire, le néon d’un bar, un distributeur de boissons, myriade de canettes multicolores sous l’éclairage cru. Plus grand monde ne s’attarde à cette heure. La fin de l’été a ravalé les touristes, les dernières cigales crissent dans les jardins de la pension, nous sommes fin septembre mais il fait encore tiède. Par la baie entrouverte monte la rumeur du ressac. S’y mêlent le froissement des feuilles, le balancement des bambous, les craquements des cèdres ». Olivier Adam (page 13). Voilà ce que j’aime particulièrement chez cet auteur brillant. En quelques phrases, quelques mots ciselés, comme façonnés à la main, il plonge son lecteur dans un univers dans lequel ses sens sont immédiatement sollicités. C’est lui qui est dans l’histoire, c’est lui qui marche le long d’un chemin sinueux, en bord de falaises, humant l’air, scrutant le ciel à la recherche des « premières chauves-souris et des dernières buses ». Dans Le cœur régulier, on retrouve les thèmes chers à Olivier Adam, la perte et la recherche effrénée de l’être aimé, la douleur de l’absence, le besoin de se souvenir pour mieux faire revivre l’autre. Sarah a perdu son frère Nathan. Un être à la fois fort et fragile, libre et sans retenue, écorché vif. Hébétée par son départ prématuré, elle décide de partir au Japon, là où son frère avait, semble-t-il, trouvé un peu de sérénité. Elle y rencontre un vieux Japonais à l’incroyable charisme, Natsume, que Nathan avait lui aussi rencontré…