Avant même de se plonger dans la lecture, regarder l’objet. Sur fond blanc, le mot Lire écrit en lettres capitales s’étire sur toute la hauteur de la couverture qu’un point d’exclamation d’un beau rouge et à l’allure d’une goutte d’eau vient compléter. Plus que cela même, ce point d’exclamation là rend hommage à l’acte de lire. Ah lire !

Ensuite ouvrir délicatement le livre et le humer, retrouver l’odeur si particulière de l’encre récemment déposée sur ce papier au toucher satin. Des pages rouges délimitent chaque thématique abordée par les Pivot père et fille, mais à chacun son texte, sa vision et sa typographie. Pour Bernard Pivot, une typographie à empattement. Pour Cécile Pivot, une typographie bâton, plus moderne. Nous proposeraient-ils quelque chose du genre « les anciens contre les modernes » ? Que nenni ! Juste leur rapport aux livres et à la lecture, le plaisir qu’ils ont à choisir un nouveau livre dans leur bibliothèque, d’entrer dans une librairie ou pas (c’est le cas de Bernard Pivot. Les livres viennent à lui !), d’offrir un livre, de lire un livre… Le tout est ponctué de photos et de reproductions de peinture de lecteurs et de lectrices, anonymes ou pas.

Le résultat est jubilatoire. Un bonheur de lecture qui se lit, se dévore même, en à peine deux heures.

Pour celui ou celle qui aime lire, il/elle s’y retrouvera tant les vécus sont proches. Pour celui ou celle qui lit peu, il y trouvera peut-être matière à lire un peu plus.

Je n’ai qu’un seul regret : que la liste des ouvrages que Bernard et Cécile Pivot citent dans leurs textes respectifs ne figure pas à la fin du livre, comme figure celle des auteurs cités. On la retrouvera par ce biais bien sûr mais la recherche est moins aisée.

Extrait, page 13, « Lire, un privilège » Bernard Pivot commence fort : « Les gens qui lisent sont moins cons que les autres, c’est une affaire entendue. Cela ne signifie pas que les lecteurs de littérature ne comptent pas d’imbéciles et qu’il n’y a pas de brillantes personnalités chez les non-lecteurs. Mais, en gros, ça s’entend, ça se voit, ça se renifle, les personnes qui lisent sont plus ouvertes, plus captivantes, mieux armées dans la vie que les personnes qui dédaignent les livres. »

Même thématique, 6 pages plus loin, Cécile Pivot : « Il est un passeport que chaque être humain se doit de posséder : le passeport littéraire. Il abolit les frontières, permet de voyager à travers le monde, de traverser les siècles et d’aller à la rencontre des hommes. Avec lui, nous sommes libres, nous sommes livres. Avec lui, nous faisons tout au long de notre existence connaissance avec nous-même. Nous n’en avons jamais fini avec notre petite personne. Pourquoi, moi qui ne ris pas facilement, ai-je connu de telles crises de fou rire à la lecture de Babylone de Yasmina Reza ? Pourquoi ai-je tant pleuré en lisant Indignation de Philip Roth ? »

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