Couverture Meutriers sans visage-Henning Mankell

Il est tôt ce 8 janvier 1990 lorsque Kurt Wallander, commissaire de police dans la ville d’Ystad en Suède, reçoit un appel téléphonique du commissariat lui indiquant qu’un couple d’agriculteurs âgés a été sauvagement agressé. L’homme est mort. La femme agonise, un étrange nœud coulant autour du cou. A peine a-t-elle le temps de prononcer le mot « étranger » … Un mot énigmatique qui inquiète le commissaire.

C’est ainsi que commence la première enquête du personnage créé par Henning Mankell, fraîchement divorcé, s’y prenant mal avec sa fille de 19 ans, passionné d’opéras et de whisky. Si les enquêtes du commissaire Wallander sont généralement bien menées, avec ce qu’il faut de suspense pour nous faire tourner les pages au-delà de l’heure « raisonnable » d’extinction des feux, elles sont surtout un prétexte pour évoquer la Suède et son évolution sur le plan sociologique et économique entre sens de l’accueil et peur de l’autre, hausse du chômage et financiarisation de la société.

Un seul regret pour ce polar : la traduction en français, parfois « facile », un peu trop empreinte de clichés.

Extrait, page 120 : « Il avait dû somnoler de nouveau. Lorsque le téléphone sonna, il se crut à son bureau. A moitié réveillé seulement, il gagna la cuisine d’un pas mal assuré et décrocha. Qui pouvait bien l’appeler à quatre heures et quart du matin ?

Avant de répondre, il eut le temps de souhaiter que ce soit Mona. La voix qu’il entendit lui parut tout d’abord ressembler un peu à Sten Widen.

– On vous laisse trois jours pour vous racheter, dit l’homme.

– Qui êtes-vous ? demande Kurt Wallander.

– Aucune importance, répondit l’homme. Je suis l’un des Dix Mille Libérateurs.

– Je refuse de parler à quelqu’un qui ne veut pas me dire son nom, répliqua Kurt Wallander, désormais tout à fait réveillé.

– N’aggrave pas ton cas, dit l’homme. On vous laisse trois jours pour vous racheter d’avoir tenté de soustraire des criminels étrangers à la justice. Trois jours, pas un de plus.

– Je ne comprends pas de quoi tu parles, dit Kurt Wallander, plein de dégoût envers cette voix inconnue.

– Trois jours pour mettre la main sur les coupables et les présenter au public, dit l’homme. Sans ça, c’est nous qui nous en chargerons.

– Vous charger de quoi ? Qui ça : nous ?

– Trois jours. Pas plus. Après, ça va brûler.

La communication fut coupée.

Kurt Wallander alluma la lampe de la cuisine et s’assit à la table. Il prit note de cette conversation sur un vieux carnet que Mona utilisait jadis pour faire ses courses. Tout en haut, il y avait marqué « pain ». Mais ce qui était écrit en dessous était illisible.

Ce n’était pas la première fois depuis son entrée dans la police que Kurt Wallander recevait des menaces anonymes. Quelques années  auparavant, un homme qui considérait  avoir été condamné à tort pour voies de fait l’avait accablé de lettres fielleuses et d’appels téléphoniques nocturnes. » Henning Mankell.

 

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