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Téléphone rose

Téléphone rose de Richard Bausch

112 pages, pas une de plus, pour découvrir… et apprécier Richard Bausch. Dans Téléphone rose, recueil de trois nouvelles issues de L’homme qui a connu Belle Starr et autres nouvelles, Richard Bausch nous conte la vie de gens ordinaires. Rien que cela mais tout cela. Et il le fait avec humour. Ainsi, un homme en manque de plaisir érotique compose un numéro – surtaxé évidemment – pour obtenir sa « dose » ! : «  Si vous avez soif de plaisir, et si vous disposez d’un téléphone à touches et d’une carte de crédit, appuyez sur la touche 1. Il y a des filles qui brûlent d’envie de vous rencontrer. … Caressez les touches de votre téléphone pour composer le numéro de votre carte de crédit, suivi de la touche dièse. ». Voilà notre homme impatient mais empêtré, qui aimerait, avant de passer « aux choses sérieuses » faire un peu mieux connaissance avec son interlocutrice qui, elle, n’a que faire des états d’âme de celui qu’elle a au bout du fil. S’en suit une conversation banale de personnes n’étant pas sur la même longueur d’ondes. Elle voulant lui donner le plaisir immédiat qu’il est censé être venu chercher en composant ce numéro. Lui, souhaitant faire connaissance avant. On pourrait penser le jeu de questions / réponses lassant. Il ne l’est pas. Et c’est ce qui est incroyable dans cette nouvelle, comme dans les autres d’ailleurs. Richard Bausch parvient à maintenir son lecteur en haleine, à pousser ce dernier à tourner les pages les unes après les autres, avide de connaître la chute. Et cela n’a rien à voir avec un quelconque voyeurisme puisque cela fonctionne aussi pour les deux autres nouvelles que contient Téléphone rose, qui elles, n’ont absolument rien d’érotique !

Extrait, page 12 : « Euh, écoutez… Marylin… attendez. Attendez. Je vous en prie. Est-ce que vous… est-ce qu’on… est-ce qu’il serait possible de parler d’abord d’autre chose ? Je veux dire… Je me demandais si on ne pourrait pas… disons… bavarder un peu ? Parler un peu de nous en général, vous voyez ? J’ai réfléchi et je me suis dit que j’ai envie de quelque chose d’un peu moins busque que ça, d’un peu moins rentre-dedans, vous comprenez. Et puisque de toute façon c’est moi qui paie, j’ai pensé que ça ne poserait pas de problème. On est d’accord, ça ne pose pas de problème ? Ou est-ce que c’est un problème ?

– John, mon chéri, tu as envie de parler, ou tu préfères que ce soit moi qui parle ?

– Je me disais qu’on pourrait parler tous les deux. Vous voyez ? Qu’on pourrait … discuter … comme ça, en général … avant de passer à l’action. Je crois que c’est vraiment de ça dont j’ai besoin.

– Oh mais moi je suis déjà prête à passer à l’action mon chéri…

– Je sais mais pas moi. Je ne suis pas prêt. J’ai besoin de parler un peu. » Richard Bausch.

 

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